La crise des banlieues en France a surpris beaucoup d’observateurs ou d’hommes politiques. En effet, elle a été le fait de personnes jeunes voire très jeunes, peu structurées, sans porte parole, sans revendication précise, … Pourtant, elle a sans doute traduit un malaise profond qui va bien au-delà de la réaction aux provocations de quelques politiciens agités et sans scrupules.
Elle n’est qu’une manifestation parmi d’autres de la crise que traverse l’Europe. En effet, le modèle britannique de tolérance (voire de laxisme) et de communautarisme a volé en éclats avec les attentats de juillet 2005. La voie néerlandaise plus structurée est en crise profonde depuis l’assassinat de Théo Van Gogh. L’opposition majoritaire chez plusieurs peuples Européens à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne traduit le même malaise.
Il est donc nécessaire de procéder à une analyse de fond de la situation Française actuelle mais aussi de l’évolution de l’immigration et de la situation des Français qui, après deux ou trois générations, restent “issus de”.
Ensuite, nous essayerons de comprendre comment des faux succès de la gauche classique et la stratégie de la droite ont conduit au déclenchement de ces émeutes. Enfin, des pistes de solutions seront avancées.
I – La Société Fragmentée
Depuis plusieurs années, des géographes, des sociologues ou des statisticiens ont tiré la sonnette d’alarme sur la ségrégation croissante à l’œuvre dans notre société. Les riches deviennent plus riches mais surtout ne veulent surtout plus se mélanger. Par effet de mimétisme, les couches moyennes supérieures ne veulent plus cohabiter avec les couches moyennes inférieures qui évitent les couches populaires qui rejettent les immigrés ou les gens du voyage, … C’est la “société de l’entre-soi” (E. Maurin).
Ce processus est particulièrement visible dans le logement : l’envolée des prix à l’achat ou à la location ou l’exigence de garanties toujours plus élevées repoussent toujours plus loin les plus défavorisés. Ceux-ci se retrouvent alors pénalisés par des temps de transport importants mais aussi par une moindre présence des services publics, des équipements culturels, … La polarisation des richesses renforce le confort des plus aisés.
L’école est aussi un bon indicateur des stratégies d’évitement d’une couche sociale vis à vis de la couche inférieure. A Paris, un tiers des collégiens n’étudient pas dans le collège où ils devraient le faire : recours au privé, choix de langues exotiques ou d’options particulières pour aller dans tel ou tel collège, domiciliation chez un parent, …
On assiste donc depuis 10 ans à une forte chute de la mixité sociale et à une concentration des problèmes dans des collectivités locales dont les moyens régressent.
La récente crise des banlieues corrobore ces analyses : le paroxysme a été atteint dans des communes assez éloignées de Paris. Des communes comme Saint-Denis, parce que le tissu associatif est resté fort, ou comme Ivry et Vitry, parce qu’elles accueillent aussi de plus en plus de couches moyennes, n’ont pas connu de véritable embrasement.
Il est symptomatique de constater les problèmes récurrents de la ligne RER D qui dessert les banlieues éloignées et défavorisées alors que les autres lignes connaissent moins de problèmes.
Ces phénomènes macroscopiques se traduisent aussi au niveau personnel :
– déclin des grandes institutions collectives (partis, syndicats, églises, …) et destruction du lien social au profit du réseau personnel. François de Singly prétend toutefois que l’individualisme peut aussi créer du lien : le lien social serait alors” composé de fils moins solides, mais il en comprendrait plus ». “La résolution de la crise du lien social se règlera surtout lorsque chacun aura les conditions objectives de pouvoir se réaliser soi-même dans plusieurs groupes, dans plusieurs places, plusieurs appartenances”.
Même si on peut débattre de l’évolution du lien social, il reste, a priori, flagrant que les opportunités ou la richesse des appartenances sont généralement plus faibles en banlieue que dans les quartiers plus aisés.
– “privatisation des biographies” (JB Terrail) où chacun devient responsable de sa destinée. Le succès professionnel provient du succès scolaire qui est fonction des qualités individuelles. Il n’est donc alors pas étonnant que les “élites économiques” beurs penchent de plus en plus à droite .
II – L’Evolution de l’Immigration et des Banlieues
Analyser ces évolutions sur quelques dizaines d’années permet de mieux comprendre la situation actuelle. On peut schématiquement définir 3 périodes pour l’immigration :
• Jusqu’en 1973, il s’agit surtout d’importer une main d’œuvre docile et mal payée pour
faire pression sur les ouvriers français . Ce sont essentiellement des hommes seuls entre 20 et 40 ans. Ces personnes vivent majoritairement dans des hôtels ou des foyers insalubres, souvent en centre ville, économisant au maximum pour faire vivre leur famille restée au pays.
Les relations entre les immigrés et les syndicats ou les partis politiques “Français” sont souvent tendues. Pour certains, ils représentent un nouveau lumpenproletariat.
Certains immigrés essayent de s’organiser (MTA, MIB, Divercités mais aussi à la CFDT, …) mais ils subissent une répression très dure organisée de connivence par le gouvernement Français et le gouvernement de leur pays d’origine (qui n’est que très rarement démocratique). Cette répression empêchera l’émergence de mouvements forts et structurés représentant les intérêts des immigrés même si certaines luttes (amélioration des foyers SONACOTRA par ex.) aboutissent partiellement.
• A partir de 1974, l’immigration est théoriquement impossible mais on assiste à
l’implantation des familles qui rejoignent les hommes venus en France plusieurs années auparavant.
Les échecs précédents et la diversité de la population immigrée les poussent à investir le terrain associatif.
Comme on a affaire à des familles, le logement en hôtel en centre ville n’est plus possible. Les familles d’immigrés sont alors souvent logées dans les mêmes immeubles que les familles Françaises de même niveau social qu’elles . Les associations sont alors gérées en commun souvent sous la tutelle des couches moyennes locales (liées au PC ou à des associations caritatives).
Pendant les années 80 :
– le politique, qui est survalorisé en France, “pompe” une grande partie de l’élite de ces associations (Harlem Désir, Fodé Sylla, Malek Boutih, …)
– l’expression via les médias comme les radios libres est beaucoup plus culturelle que politique
– la dégradation urbaine s’amplifie donc les couches moyennes (y compris les “immigrés” qui ont réussi) fuient certaines zones; d’autres zones sont rénovées et deviennent inaccessibles aux couches populaires.
La ségrégation sociale croît (parallèlement à l’audience du Front National).
• La troisième période couvre l’essentiel des années 90 à nos jours
Le processus de ségrégation décrit ci-dessus fonctionne à plein mais les “immigrés” ont changé. Beaucoup sont nés en France, beaucoup sont Français. La dégradation de leur situation et de leur traitement par la République engendre rancœur et frustration (de nombreux jeunes en ont assez d’être toujours “issus de” après 2 ou 3 générations passées en France et refusent le mot intégration ). Certes des associations existent et des travailleurs sociaux dévoués font de leur mieux mais :
– les budgets alloués aux associations baissent et on supprime les contrats de travail aidés
– mais, surtout, les solutions sont de plus en plus imposées du haut et les travailleurs sociaux viennent de l’extérieur. Plus personne ne se préoccupe réellement des besoins et des désirs de cette population toujours plus marginalisée. Les dérapages verbaux récents (“racaille”, “kärcher”, “Clichy sous Bois est une honte pour la France”) ne sont que l’aboutissement de ce phénomène de relégation et la manifestation du mépris croissant de certaines “élites”.
Il est alors assez facile de comprendre comment le communautarisme, le retour sur soi, la plongée dans la religiosité parfois la plus intégriste se développent aussi rapidement dans des zones “abandonnées par les communistes puis par les curés”. En parallèle, se développent des réseaux de revente de drogue ou des trafics illégaux.
III- Les Faux Succès de la Gauche
Cette dégradation a eu en partie lieu pendant une période où la Gauche était au pouvoir et pensait avoir un bon bilan.
La Gauche classique a souvent eu une vision mécanique de l’action politique. Les statistiques du chômage baissent un peu et elle pense que tout le monde est heureux (puisque l’emploi est placé en tête des préoccupations des Français dans les sondages) voire que le plein emploi est proche. Un leader de gauche, ancien ministre, rationalisait cette situation récemment : “les couches populaires savent ce dont elles ne veulent plus mais elles ne savent pas ce qu’elles veulent”.
Malheureusement, sur le terrain, les choses ne sont pas aussi simples :
– le chômage a baissé entre 1997 et 2002 mais
o la précarisation s’est accrue (ainsi que les horaires atypiques ou le temps partiel)
o beaucoup se sont sentis mal payés (hausse du SMIC donc écrasement des salaires et emplois précaires ou atypiques mal payés. Les 35 heures n’ont pas arrangé cette perception)
o à l’opposé, la Gauche ne s’est que mollement opposée à l’explosion des salaires et des avantages des cadres dirigeants
o beaucoup de mesures ont été compensées par des exonérations très coûteuses de cotisations sociales (en partie causes des déficits actuels)
– beaucoup de familles populaires ont fondé de grands espoirs sur l’école, toutefois, l’accroissement de la proportion de bacheliers n’est pas suffisante :
o les enfants des banlieues se sont vus refuser l’entrée des filières prestigieuses. Ils ont été relégués dans des DEUG sans avenir. “L’élimination des enfants de couches populaires n’a été que différée” (F Dennard)
o les autres filières (technique, technologique) ont vu leur image se dégrader alors qu’elles pourraient représenter la voie vers des emplois stabls et correctement rémunérés
o de plus, les stratégies d’évitement des couches supérieures, mentionnées au début de ce document, n’ont pas permis de faire profiter les enfants des couches populaires de cette institution. En effet, il a été montré qu’une dose limitée d’élèves faibles dans une classe n’entraînait pas de baisse de niveau des meilleurs mais permettait une forte progression des plus faibles. Une telle stratégie devient de plus en plus difficile à mettre en œuvre.
L’Etat redevient la question centrale mais celui-ci n’a pas été défendu par la Gauche. En outre, le Parti Socialiste a eu trop souvent tendance à considérer que les couches populaires étaient le “fonds de commerce” du Parti Communiste et que c’était à lui de s’en occuper.
IV – La Vrai Stratégie de la droite
A l’opposé, la Droite depuis 2002 a mis en place une stratégie cohérente :
– baisse des subventions aux associations et suppressions de contrats aidés (en partie pour pouvoir financer les baisses d’impôts des plus riches)
– la décentralisation accrue de nombreux services sociaux, sous prétexte d’efficacité, marque le désengagement de l’Etat mais aussi la fin de l’égalité Républicaine. Il est intéressant de voir que de nombreux titulaires du RMI (géré puis financé par les départements) essaient d’obtenir l’Allocation Adulte Handicapé (qui reste nationale).
En effet, comment les départements les plus pauvres (donc aux ressources les plus limitées) vont-ils financer les programmes résolvant les problèmes les plus lourds ?
– accentuation de la ségrégation sociale : volonté de ne pas construire de logements sociaux “qui apportent de la délinquance” (sic) et préférence pour le paiement d’amende en cas de non respect de la loi SRU; contestation des systèmes de péréquation des ressources entre collectivités riches et pauvres; refus de la part des conseils généraux de droite de participer à un office foncier régional en
Ile-de-France, …
– enfin, stratégie de tension politique avec des dérapages verbaux pour renforcer les peurs et le sentiment d’insécurité mais aussi le mépris des couches populaires (c’est le retour des “classes dangereuses”). Après une élection marquée par une abstention élevée, P. Devedjian se félicitait que la “France soit devenue une démocratie moderne où le taux d’abstention est d’environ 50 %” (ceci est cohérent avec le taux d’abstention généralement plus élevé parmi les couches populaires sauf dans quelques cas comme lors du vote sur le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen).
V – Quelques Analyses Additionnelles
• Il faut aussi s’interroger sur les spécificités de cette crise :
– elle ne s’est pas étendue à d’autres pays Européens alors que la situation de certaines banlieues étrangères n’est pas meilleure qu’en France (cf les déclarations de R. Prodi). Est-ce parce que les Français attendent beaucoup (trop) de l’Etat et se retournent systématiquement vers lui en cas de problème?
– les problèmes actuels des banlieues sont-ils un phénomène classique d’exploitation ou contiennent-ils des dimensions particulières liées au passé colonial de la France et au racisme ?
La France n’a pas vraiment analysé ni intégré son passé colonial : un débat approfondi doit être mené sur cette question. En effet, on ne peut aller vers l’autre et échanger avec lui sereinement que si on se connaît vraiment soi-même . Ces questions ne sont pas purement intellectuelles. En effet, suivant la réponse quant à la spécificité du traitement réservé aux habitants des banlieues, les solutions à proposer seront différentes. De nombreuses familles “Françaises de souche” sont, elles aussi, victimes de l’exclusion et rejetée. La situation des famille issues de l’immigration est-elle différente ? Mutatis mutandis, nous retrouvons le débat sur les femmes des années 60/70 : exploitation classique ou exploitation spécifique ?
• “Les lieux dits difficiles sont d’abord difficiles à écrire et à penser et il faut substituer aux images simplistes et unilatérales (celles que véhicule la presse notamment) une représentation complexe et multiple, fondée sur l’expression des mêmes réalités dans des discours différents, parfois inconciliables” . Il est donc intéressant de lister des points de vue variés sur cette crise :
– les déclarations de Mr Sarkozy ou Mr Raoult ont été assez médiatisées
– Alain Finkelkraut rejette la compassion “des bourgeois Parisiens, qui roulent à vélo, pour les jeunes de banlieue qui brûlent les voitures des pauvres”
– certains Républicains estiment que des dizaines de milliers de personnes vivent dans des situations difficiles sans brûler des voitures, voire des écoles ou des équipements publics. Pour eux, les Français ont des droits mais aussi des devoirs.
– d’autres ont estimé que cette révolte était salutaire et traduisait une demande de respect. C’est demander la fin de la relégation de personnes dont les “élites” estiment ne pas avoir besoin. C’est la fin du “panem et circenses” moderne : le RMI et la Star’Ac. Matthieu Kassowitz estimait que c’était pour eux la seule façon de se faire entendre.
– enfin, on peut aussi, pour dépasser ces contradictions voir cette révolte comme l’échec des institutions républicaines.
• Il serait très prétentieux de penser pouvoir élaborer rapidement un programme complet pour résoudre les problèmes des banlieues :
– les solutions doivent être concoctées en partenariat avec les exclus, avec les habitants des quartiers
– des investissements importants sont indispensables mais les aspects qualitatifs joueront aussi. Comme le faisait remarquer une responsable de la mairie de Vitry : “il sera toujours plus facile de subventionner des vacances au ski pour les jeunes que de les emmener au musée”.
VI – Quelques Pistes de Solutions
Une véritable résolution de ces problèmes exigera une volonté et une créativité allant bien au delà des ritournelles habituelles sur le pacte républicain ou sur l’alliance “fermeté et justice”.
Un premier groupe implique le retour du politique au sens le plus noble du terme :
– le pacte républicain est valable pour toutes les personnes vivant en France. Les droits sont les mêmes pour tous et l’Etat doit les faire respecter. La décentralisation ne doit être mise en œuvre que si elle permet une meilleure application des lois (loi contre l’exclusion, mixité sociale/loi SRU, solidarité entre collectivités locales, services publics, …). Il faut aussi se demander, par exemple, comment l’école doit évoluer pour s’adapter aux besoins des enfants en difficulté. Ce n’est qu’ainsi que l’on éliminera l’échec scolaire.
– les devoirs notamment des parents ne doivent pas être négligés. La création d’un service civique pour les jeunes doit être étudiée.
– les dérapages verbaux de la Droite, à visée électoraliste, doivent être combattus très fermement. Il faut changer le regard de Français sur les exclus et ne pas oublier que les mots peuvent tuer (cf propagande de la radio Milles Collines au Rwanda).
– la gauche doit redonner de perspectives, offrir un espoir aux habitants des banlieues même si tout n’est pas possible tout de suite.
– même si l’indépendance des médias doit être préservée, un débat doit avoir lieu sur l’image qu’ils véhiculent des banlieues. La plupart ne s’y intéresse qu’en cas de problème (on ne parle jamais des trains que arrivent à l’heure!). Lors de la crise récente, on a beaucoup parlé des incendies de voitures dans de nombreuses grandes villes. Quels médias sont allés à Marseille s’interroger sur l’absence relative de violence dans les quartiers Nord ?
– de même, un débat sur le colonialisme et les relations de la France avec ses anciennes colonies ou avec les Français issus de ces pays doit être organisé. Les USA ont lancé un programme d’études Afro Américains, une meilleure connaissance et une meilleure valorisation des civilisations Arabe et Africaines inciteraient de nombreux “Français de souche” à porter un regard différents sur leurs compatriotes. Quelques mesures spécifiques pourraient alors être envisagées pour réintroduire du collectif même si la discrimination positive est rejetée par beaucoup .
Ensuite, des mesures nécessitant des investissements importants sont à prendre :
– le logement et les équipements publics sont la priorité principale. Toute rénovation urbaine doit se faire en concertation avec les habitants des quartiers et ne pas entraîner d’exclusion supplémentaire (lorsque des barres de HLM sont détruites, le nombre de logements disponibles diminue. Que fait-on pour ceux qui ne peuvent pas être relogés sur place?) La crise est telle qu’il faut, sans doute, comme le demande une plate-forme signée par une cinquantaine d’associations le 10 septembre 2003, rendre le droit au logement opposable (créer une véritable Couverture Logement Universelle). Un tel électrochoc permettra de casser la spéculation sur le foncier, de solvabiliser la demande notamment de logements sociaux et de faire croître la production de logements y compris sociaux (l’Espagne, qui compte 40 millions d’habitants, construit 600 000 logements par an alors que la France, qui compte 60 millions d’habitants, n’en construit que 400 000).
– même si cela va à l’encontre des politiques libérales suivies depuis 15 ans en ce domaine, il faut renforcer la présence des services publics et améliorer leur efficacité dans le traitement de l’exclusion
– une stratégie presque opposée à celle de Mr Sarkozy est à mettre en œuvre pour la sécurité (qui doit rester un droit fondamental). Il faut revenir à la prévention et à la police de proximité. Il ne faut pas non plus verser dans l’angélisme et utiliser tous les moyens légaux disponibles pour lutter contre la grande criminalité, le trafic de drogues ou d’êtres humains
– l’école, qui est un facteur d’espoir majeur pour les couches populaires, doit être dotée de moyens adéquats mais doit aussi s’interroger sur les méthodes pédagogiques à appliquer
– la baisse du chômage dans les quartiers difficiles est possible (dans les quartiers Nord de Marseille; le taux de chômage est passé de 30 % à 16 % en quelques années) même si la création de zones franches doit rester l’exception. La rénovation urbaine, le maintien des services publics, la reconstruction du tissu associatif, l’aide à la création d’activités (cf l’action de l’ADIE), …permettraient de recréer des emplois dans les zones défavorisées ;
Enfin, la crise récente a révélé des problèmes mais a aussi occulté certains problèmes réels de violence notamment vis à vis des femmes et des filles.
VII – Conclusion
La crise des banlieues, avec le recul, a été assez limitée dans le temps, dans l’espace et au niveau de ses conséquences.
Toutefois, il ne faut surtout pas la négliger car elle est le symptôme d’une crise beaucoup plus globale en France et en Europe. Pour Michel Wieviorka, c’est une crise sociale mais aussi institutionnelle, culturelle et politique.
S’attaquer à ses racines et la résoudre en profondeur impliquent un changement de mentalités notamment des dirigeants politiques (souvent les grandes innovations politiques et sociales ont eu lieu en marge du “système”. Cette crise de banlieues pourrait s’avérer très féconde).
Cette démarche est encore plus nécessaire pour la Gauche classique qui risque d’être prise entre deux radicalisations : sécuritaire à droite et libertaire à gauche. Comme disait le poète “les pauvres ont le secret de l’espérance” mais attention à ne pas trop les décevoir ou les désespérer pour éviter de nouvelles catastrophes équivalentes au 21 avril 2002.