La Crise Financière de 2008
La crise financière que nous venons de traverser a été la plus importante depuis celle de 1929. L’intervention massive, coordonnée et rapide des banques centrales a permis d’empêcher l’implosion du système financier mondial . Son ampleur nécessite une analyse approfondie des évènements récents et des mesures à prendre pour éviter leur retour.
Il est aussi évident qu’il faut aller au-delà des aspects techniques et s’interroger sur la possibilité de construire un nouveau paradigme économique, social, écologique et culturel plus stable et plus au service de l’Homme et sur les conséquences géopolitiques de cette crise.
I- Quelques Analyses sur les Crises Financières
Les crises financières en système capitaliste sont fréquentes. Depuis 10 ans, plusieurs crises ont eu lieu : la crise Asiatique et Russe, LTCM, la bulle Internet et l’Argentine, les subprimes (plus la titrisation qui a fortement amplifié les effets de cette crise) en attendant peut-être celle des LBO’s. Dans les décennies précédentes, la crise Mexicaine, la crise de l’immobilier des Caisses d’Epargne Américaines ou de 1990-1992, les problèmes financiers à répétition des pays Sud-Américains et l’échec du recyclage des pétrodollars. Nul ne sait si la crise financière actuelle est complètement terminée.
La variété de ces crises conforte la thèse de M. Aglietta selon laquelle la crise financière éclate toujours là où on ne l’attend pas.
S’il est donc impossible de prévoir la nature de la prochaine crise, il est en revanche possible de décrire le mécanisme des crises qui est souvent le même :
– une innovation souvent légitime (les subprimes originels visant à permettre à des personnes atypiques d’accéder au crédit étaient de bons produits comme les premiers junk bonds dans les années 80)
– une forte rentabilité pour les innovateurs
– la copie de la part d’autres institutions financières qui fait naître de la concurrence induisant une baisse des marges
– l’acceptation de risques toujours plus élevés pour continuer à croître ou pour maintenir des marges élevées. Pendant cette période d’euphorie, certains prétendent voire démontrent que les règles anciennes ne sont plus valables dans le « Nouveau Monde » (cf la crise de 1929 ou la bulle Internet)
– souvent, en parallèle, le recours au levier financier permet, à court terme, d’accroître le rendement sur le capital investi
– durant cette période, les innovateurs avisés sortent du marché (cf Goldmann Sachs avec les subprimes)
– le moindre incident (ralentissement économique diminuant les capacités de remboursement des emprunteurs et l’augmentation de la valeur des biens immobiliers) fait imploser le système. Les dégâts collatéraux via notamment la titrisation et les effets de levier sont colossaux et mettent en danger le système tout entier .
II- La Gestion à Court Terme de la Crise
La gestion de la crise malgré les hésitations (faillite de Lehmann Brothers, refus du premier plan Paulson par la Chambre des Représentants, cavalier seul des Irlandais, première réaction de repli d’Angela Markel) a été rapide, coordonnée et efficace.
Elle a eu deux buts principaux :
– rétablir un minimum de confiance entre les banques (« rétablir l’interbancarité ») pour éviter la paralysie totale du crédit qui aurait pu conduire à un effondrement de l’économie « réelle » ou à des retraits massifs de dépôts par les particuliers
– éviter l’effondrement de la valeur des actifs et notamment la faillite d’une institution importante mettant en péril d’autres institutions importantes : la faillite d’une banque régionale américaine est presque sans effet mais le gouvernement Américain ne pouvant se permettre la faillite d’AIG, de Wachovia ou du tandem JP Morgan/Bear Sterns
Dans le premier cas, les gouvernements ont garanti les dépôts des particuliers et les banques centrales ont massivement injecté des liquidités de façon temporaire. Ceci a conduit à une étatisation du crédit.
Dans le second cas, les gouvernements ont investi des sommes nettement inférieures (quelques dizaines de milliards d’Euros) pour éviter la faillite de banques. Dans quelques cas extrêmes, les banques ont même été nationalisées (Northern Rock, Fortis). Les prises de participations (vraisemblablement temporaires) des gouvernements ont peut-être aussi visé à éviter que les principales banques d’un pays ne passent sous contrôle étranger : la capitalisation boursière de nombreux établissements a fondu de plus de 60 % depuis début 2008 les mettant en position « d’opéables » (Barclays, Citigroup ou Société Générale par exemple) notamment par des fonds souverains .
L’intervention massive des banques centrales, la coordination entre les Etats, la mise de côté totales des règles Européennes (et Américaines) sur la concurrence ont permis de juguler (temporairement ?) la crise sans que l’on ait vraiment apuré les bilans des différentes institutions financières.
III- Quelles Réponses à Plus Long Terme ?
La première réponse proposée par de nombreux intervenants est une plus forte régulation puisque les marchés ne sont pas capables de s’autoréguler. De nombreuses pistes sont à explorer dans ce sens.
Toutefois, il faudra aussi s’interroger sur les limites de la régulation et sur la nécessité d’une refondation des relations entre la finance et le reste des activités économiques voire humaines.
III-a Quelles nouvelles règles respectées par tous ?
De nombreuses pistes ont été proposées (certaines d’entre elles ont déjà été décidées au moins au niveau politique) :
– changement des règles comptables (valeur marché par exemple)
– limitation très forte voire interdiction du hors bilan et de la titrisation
– baisse de la rémunération des fonds placés auprès de la BCE par les banques
– limitation forte voire interdiction des ventes à découvert voire de la spéculation à la baisse
– limitation des effets de levier
– faut-il aller jusqu’à une réglementation des modèles de calcul des risques et de valorisation des options dont on sait qu’ils reposent sur des hypothèses fausses ?
– encadrement de l’ensemble des institutions financières (y compris crédit à la consommation, …)
– encadrement de la rémunération des banquiers (stock options, parachutes dorés, voire salaires, bonus calculé sur plusieurs années) surtout quand ils ne sont pas mandataires sociaux (et donc protégés par le Code du Travail ou la jurisprudence)
– indépendance des conseils d’administration ou de surveillance surtout si l’Etat devient actionnaire plus ou moins de référence
– indépendance et surveillance par les régulateurs des agences de notation
– taxation à un niveau faible de transactions pour décourager la spéculation et le gonflement de la sphère financière par rapport à l’économie réelle (un baril de pétrole change plus de 100 fois de main entre son extraction et sa consommation). Cette taxe sera allouée au FMI.
– système d’alerte potentiellement confié au FMI
– sanctuarisation de certains produits : riz, blé, … et autres produits de première nécessité pour lesquels les marchés à terme seraient très encadrés
Les Etats, surtout quand ils investissent au capital des banques, doivent être en mesure de faire entendre leur voix : gouvernance des banques, redémarrage du crédit, importance du long terme, restaurer un cadre coopératif entre banques, …
III-b Les limites de la régulation
La première limite vient du fait que la crise apparaît dans des domaines nouveaux et souvent imprévisibles. Une grande partie des règles limitera peut-être les effets des crises futures mais se révèleront autant de lignes Maginot pour les empêcher. Ceci implique de mettre en place des régulations génériques (surveillance de toutes les institutions financières ou interdiction de la spéculation à la baisse) plutôt que des mesures spécifiques (interdiction de la titrisation par exemple).
Ce schéma implique une acceptation générale de ces règles (le consensus risque de se limiter à quelques règles générales et peu contraignantes). Sinon, une partie des capitaux seront transférés vers des pays n’appliquant pas ces règles et permettant une plus grande spéculation donc peut-être la possibilité de rendements plus élevés. La solution de la crise financière passe donc par la mise au pas des paradis fiscaux. De nouveau, ceci est loin d’être gagné comme le montre l’absence de la Suisse et du Luxembourg à la conférence internationale traitant de ce sujet. Des financiers Américains réfléchissent déjà à des produits ou à des plates-formes permettant de s’exonérer des régulations prévues.
Enfin, ces règles ne doivent pas étouffer l’innovation : les subprimes, les junk bonds ou le recyclage des pétrodollars au début en quantité limitée étaient de bonnes idées; les entreprises industrielles travaillant les matières premières voire des entreprises de services comme les compagnies aériennes avec le pétrole ont besoin de pouvoir se couvrir et donc de marchés à terme.
Qui décidera et quand si une innovation est bonne et quand elle est ou elle devient toxique ?
III-c Une approche plus globale
Cette crise constitue une défaite profonde pour le libéralisme économique et pour les tenants de l’autorégulation des marchés (« la cupidité » l’a emporté : l’exigence des rendements élevés a poussé les opérateurs à prendre toujours plus de risques)
Des solutions techniques à la crise financière actuelle ont été trouvées mais elles auront un coût significatif et cette crise induira une crise économique sévère.
Il est donc proposé de passer d’un schéma où :
l’Homme est subordonné à l’économie qui est subordonnée à la finance (valeur pour l’actionnaire, taux de rendement de 15 % sur fonds propres, …)
à un schéma où :
la finance est au service de l’économie qui est au service de l’Homme (prise en compte de la dimension écologique voire culturelle)
En effet, le système actuel conduit à un « double peine » des couches modestes :
– stagnation des salaires et hausse des profits (remise en cause d’acquis sociaux, pression accrue sur les salariés, ouverture à des marchés où les règles démocratiques, sociales ou environnementales ne sont pas respectées)
– croissance des prix des denrées de base (via la spéculation sur les matières premières) et des loyers ou des acquisitions immobilières (les propriétaires sont souvent de grands Groupes financiers)
Cette vision plus globale doit se traduire au niveau institutionnel :
• Le FMI doit gérer un système d’alerte : plus une crise couve longtemps plus elle s’avère destructrice. Le premier ralentissement de l’immobilier Américain a eu lieu en octobre 2005 et la crise a éclaté réellement entre l’été 2007 et l’été 2008.
Même si le FMI n’est pas mandaté pour jouer les Cassandres, il doit informer les marchés, les gouvernements et les citoyens pour limiter les périodes d’euphorie irraisonnée.
Enfin, le FMI doit mieux intervenir au niveau des prêts effectués à certains pays pour éviter des taux d’intérêts exorbitants surtout quand lui-même les garantit (et se comporte en fait en rehausseur de crédit).
• La question de l’indépendance et des missions des banques centrales se posent :
– la Federal Reserve Américaine a ouvert le robinet des liquidités depuis plusieurs années permettant une meilleure croissance économique mais cette abondance de liquidités bon marché a poussé les ménages à fortement s’endetter , a généré l’inflation de la valeur des actifs et a contribué à la mise en place de forts effets de levier.
– la BCE a eu un comportement diamétralement opposé : sa focalisation sur l’augmentation des prix (dont les causes étaient souvent exogènes à la zone Euro) l’a conduite à encore relever ses taux d’intérêt l’été dernier.
Il faut donc élaborer un système de gouvernance des banques centrales sophistiqué (et moins dépendant des marchés) et organiser la coopération entre BCE et un gouvernement de la zone Euro à construire.
• Il faudra aussi s’interroger sur les bienfaits des accords de Lomé et de certaines caisses de stabilisation de matières premières agricoles. Une part importante de ces systèmes a été démantelée sous la pression des « marchés » et des libéraux. Quelles propositions faire ? B. Wolfer.
• Si les Etats investissent significativement dans les banques de leur pays voire deviennent actionnaires de référence ou à 100%, quel va être leur comportement ? Limiteront-ils les rémunérations des dirigeants et des traders ? Mettront-ils le crédit plus au service de l’investissement et de l’économie productive que de la spéculation (via les effets de levier) ? Comment seront organisées les éventuelles privatisations ?
• Voudra-t-on bâtir un nouveau système multilatéral qui s’imposera à tous ? Ou bien, un système multipolaire où chaque zone approfondira des règles communes ? Cette seconde solution est-elle préférable au moins de façon transitoire ?
• Comment tirer parti de cette crise pour approfondir la construction économique Européenne (zone Euro, zone Euro + GB, Europe des 27) ? Il est indispensable de regagner la confiance des citoyens Européens qui a été très ébranlée par le comportement et les mensonges des dirigeants du système financier.
De façon plus générale, une réflexion devra être menée sur la gestion du temps : un hiatus majeur existe entre la finance « moderne » qui vit dans l’instant et la volatilité et l’économie productive qui a des horizons de temps beaucoup plus longs (de 6 mois dans le textile à 6-8 ans dans l’automobile et à 15-20 ans dans l’énergie). La Bourse devrait se focaliser sur le financement à long terme des entreprises et non sur la spéculation.
L’évaluation des entreprises ne doit plus se faire en fonction de la publication de résultats trimestriels mais sur une période de quelques années (même si des résultats au moins semestriels doivent continuer à être publiés par souci de transparence). De même, la rémunération des banquiers devrait être calculée en tenant compte des résultats de leurs actions sur 2 à 4 ans et non sur 6 à 12 mois.
IV- Le Point de Vue de l’Economie Productive
L’impact de la crise financière sur l’économie variera selon les pays :
– certaines banques n’étaient pas assez sophistiquées (Europe Centrale en dehors des filiales de banques étrangères) ou en assez bonne santé (Japon) pour s’exposer massivement aux CDOs (voire aux CDS)
– les pays dégageant des surplus comme l’Allemagne seront plus touchés
– la Chine et certains pays riches en matières premières seront moyennement impactés par la crise Américano-Européenne s’ils réorientent leur production vers le marché intérieur. Ils devront notamment utiliser leurs réserves dans ce sens plutôt que de créer des fonds souverains réalisant des investissements risqués (cf les investissements de fonds souverains lors des premières augmentations de capital des banques Américaines).
Toutefois, tous les pays seront touchés même si l’impact d’une crise aux USA sera moins sensible que par le passé.
La réponse des gouvernements risque d’être classique :
– soit keynésienne au sens large ou social-démocrate avec un creusement des déficits publics (la limite de 3 % de déficit budgétaire en Europe ne sera pas respectée) voire une augmentation des salaires au détriment temporaire des projets. Ceci pourra être complété par des mesures temporaires de protection de certains marchés aux USA et en Europe et par la création d’un gouvernement économique de la zone Euro (avec un éventuel endettement au niveau Européen pour financer des infrastructures et des investissements en R&D ou dans le domaine énergétique).
Les rapports de ce gouvernement économique avec la BCE seront plus équilibrés que par le passé où la BCE était toute puissante.
– une réponse plus libérale : «la mondialisation ou la mort». C’est ce que font les USA depuis 25 ans et ce qu’à récemment fait l’Allemagne avec une forte dérégulation du marché du travail et une baisse de facto des salaires. Malheureusement, les surplus dégagés par cette politique ont été investis aux USA parfois dans des produits très risqués.
En réalité, la mondialisation se déroule à 3 niveaux :
– le savoir et les savoir-faire. Ceci a permis un formidable décollage d’une partie de la population des pays émergents (informatique en Inde mais aussi industrie en Chine ou au Brésil). Par exemple, 150 000 jeunes Chinois étudient dans les universités Japonaises.
– les investissements directs étrangers. Après avoir un peu exporté et s’être fait connaître, une société construit des usines dans un pays et transfère une partie de sa technologie (cf constructeurs automobiles Japonais aux USA).
– enfin, la mondialisation commerciale et financière qui met en concurrence les systèmes sociaux et politiques. C’est cet aspect qui représente une véritable menace et qui doit être fortement encadré.
Même si une régulation mondiale résolvant tout est irréalisable, des mesures durables doivent être prises à trois niveaux :
– Mondial : parités monétaires stables et ajustables, quelques règles de gouvernance pour la finance
– Européen :
o dans un monde multipolaire, les marchés doivent rester ouverts aux investissements directs étrangers (avec quelques règles cf AMI) mais des règles juridiques, sociales, environnementales, … doivent être respectées. Ceci induit une certaine protection vis à vis de pays ne respectant pas ces règles
o remettre de l’ordre dans la «planète finance» : fortement limiter la titrisation et la spéculation, rétablir la responsabilité des prêteurs, établir un gouvernement économique de la zone Euro qui travaille en étroite collaboration avec la BCE (dont les statuts seront revus)
– France : le « modèle » Français diversifié récemment décrié (en se fondant sur l’exemple de pays croissant plus vite mais à crédit) s’avère raisonnablement solide face à la crise. Toutefois, il faudra rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée au profit des salaires (notamment au niveau des gains de productivité) et lancer des grands chantiers concernant le logement, l’énergie et l’environnement.
Certains seront-ils assez courageux pour essayer d’inventer un nouveau paradigme économique, social écologique et culturel qui permettrait une refondation du système viable pour le XXI ème siècle ?
Il est nécessaire de réfléchir au-delà des mesures évoquées ci-dessus. Quelques pistes peuvent être envisagées :
– conception des villes et des logements
– conception du travail (au cours de la vie, travail vs activité, formation, âge de la retraite, nouveaux types de relations sociales, …)
– quelle consommation (produits physiques vs immatériel/culturel, « abondance frugale », échanges entre pays, …) ?
– la dette financière et la dette écologique laissée aux générations futures
– la vie après 60 ans
– …
V- Conséquences Géopolitiques
Cette crise financière impactera durement les USA et significativement l’Europe Occidentale. Elle participera à la perte de monopole de l’Histoire de l’Occident (H. Védrine).
Signifie-t-elle un déclin durable des USA ou ceux-ci sont-ils capables de rebondir ? et sur quelles bases ?
Jusqu’à présent, les USA ont été capables de dire ce qui avait de la valeur (aussi bien sur le plan économique que culturel ou que des idées ). Ils ont été les leaders dans l’automobile, les biens de grande consommation, les biens culturels (cinéma par exemple), les technologies de l’information et Internet (« le 6ème continent »), la finance sophistiquée.
Rebondiront-ils sur les sciences du vivant ? ou par la guerre (mais la situation en Irak devrait les en dissuader) ?
Quels prix les Chinois vont-ils faire payer aux USA sur le plan géopolitique ou économique pour leur financement du plan Paulson et du déficit budgétaire croissant des USA?
Il est impossible de préciser l’évolution du cours du dollar mais des variations fortes sont possibles :
à la baisse :
– un jour les USA devront « payer la note » et rembourser leur dette colossale. Une crise de confiance majeure peut éclater
à la hausse ou au maintien :
– la parité à 1€ = 1,5 US$ est intenable pour les industriels Européens. Les exportations des pays émergents ne peuvent pas accepter un $ trop faible.
– de nombreux pays (Chine, pays du Golfe) possèdent de fortes réserves en dollars qu’ils ne veulent pas voir se déprécier fortement
– les pays pétroliers veulent aussi un dollar fort pour pouvoir réduire le prix facial du baril en $
– le $ reste encore la monnaie de référence (cotation des matières premières, contrats d’assurances, réserves, …)
Les conséquences géopolitiques de ces mouvements seront significatives.
Des impacts importants auront lieu dans d’autres régions du monde :
– la Chine pourra-t-elle maintenir un taux de croissance supérieur à 8 % à court terme malgré la récession Américaine ? Comment utilisera-t-elle ses nouvelles marges de manœuvre (économique à l’intérieur, géopolitique à l’extérieur) ?
– comment les pays pétroliers utiliseront-ils leur surplus : fuite en avant immobilière, investissement en Occident, aide massive aux autres pays Arabes ?
– la crise actuelle permettra-t-elle un réchauffement des relations entre la Russie et l’Europe ?
VI- Conclusion
Même si la crise financière semble avoir été contenue à court terme par des mesures techniques, elle aura des conséquences durables sur les plans économique et politique.
Cette crise financière est le reflet d’une crise morale profonde du capitalisme : finance-casino où la Bourse ne joue plus son rôle de financement à long terme des entreprises, « avidité » des intermédiaires financiers, prééminence du court terme, privatisation des profits et socialisation des pertes, … pour favoriser toujours plus le capital au détriment du travail sans la répartition des richesses.
Ce désarroi, notamment des citoyens Européens, génère une forte demande vis à vis des hommes politiques : explication de la crise et, éventuellement, du monde dans lequel nous vivons. Sommes-nous face à une crise classique ou face à une rupture majeure ? Avons-nous une vision claire de ce qu’il convient de faire (même si cela implique des sacrifices ou des bouleversements) ?
L’émergence de ce « nouveau monde » ne se fera pas sans résistance (remise en cause des positions de ceux qui ont récemment failli mais aussi conservatisme de ceux qui sont en difficulté) et nécessitera la création d’un nouveau consensus politique (auprès de quelles couches sociales ?)
La crise actuelle risque donc d’entraîner un abaissement important de la position Américaine mais aussi du système capitaliste. Toutefois, il ne faut pas que certains se réjouissent automatiquement d’un éventuel effondrement rapide du système capitaliste.
En effet, la crise pourrait certes déboucher sur un modèle plus régulé et social démocrate, viable à long terme notamment sur le plan écologique, mais aussi voir l’émergence de régimes autocratiques ou l’apparition de « trous noirs » politiques ou de féodalités comme l’Afrique des Grands Lacs, l’Afghanistan ou l’Asie Centrale.