Après de longues années caractérisées par de pseudo équilibres qui se sont révélés précaires, tout d’un coup, notre époque bascule et se trouve confrontée à trois défis majeurs. Deux d’entre eux se situent dans la région du monde où nous vivons et le troisième dans cette zone aux contours flous que l’on appelle le Moyen Orient.
Le premier défi nous concerne directement. Il s’agit de ce que l’on peut encore appeler la « construction européenne », toujours en chantier, jamais achevée. Notre pays n’en finit pas d’être pris en tenailles entre les partisans d’une politique d’austérité dont les méfaits qui rappellent les pires errements des années 30 sont de plus en plus durement ressentis et dénoncés et les nostalgiques d’un destin plus humain et social, celui des « trente glorieuses », dont les esprits qui se veulent « éclairés » se plaisent à dénoncer le caractère caduc. Henri Weber, qui se veut résolument optimiste, en même temps que réaliste, explique comment, au-delà des résultats consternants des élections européennes avec la montée des populismes, on peut encore raisonnablement parier sur un ressaisissement de nos élites européennes.
Le second a trait, bien sûr, à l’ébranlement – que l’on peut espérer passager – de la croyance en la coexistence pacifique des blocs autrefois antagonistes de l’Est et de l’Ouest de l’Europe. L’Ukraine en est le centre névralgique. On ne peut qu’être terrifié devant l’accumulation des malentendus, des erreurs d’appréciation géopolitiques commises, aussi, et, peut-être surtout, dans le monde occidental, qui ont conduit au déchaînement des violences inutiles auxquelles nous assistons. Bernard Guetta, en en anticipant les suites avec pertinence, nous a décrit les enchaînements qui en sont la cause.
Enfin, comment ne pas évoquer l’explosion de violences et d’atrocités qui fait littéralement exploser le kaléidoscope mis en place au lendemain de la première guerre mondiale au Moyen Orient, avec toutes les conséquences désastreuses et le regain du recours à la force auquel sont contraints les plus paisibles de nos dirigeants, même quand ils avaient promis d’y renoncer. Par comparaison, la scène tunisienne qu’a décrite avec la connaissance approfondie qu’il en a Kamel Jendoubi apparait un oasis de calme et de raison.
En complément de ces textes, le lecteur trouvera une tribune libre,
«Comprendre et Agir »,de Michel Cabirol, coprésident du Cercle.