On ne peut pas commencer l’éditorial à cette nouvelle Lettre sans faire référence aux évènements qui secouent aujourd’hui l’Ukraine, et qui, pourtant, étaient prévisibles.
Depuis longtemps déjà, la nature très particulière de ce pays – «?berceau de la Russie?» par sa capitale centrale, Kiev, composé aujourd’hui, à la fois, à l’Ouest d’une partie de l’Europe centrale (annexée par Staline lors du «?Pacte germano-soviétique?» et du dépeçage de la Pologne), d’une partie de la Russie (la Crimée) «?donnée?» par Krouchtchev à l’Ukraine en 1954 et de provinces russophones à l’Est – avait amené plusieurs personnalités à préconiser qu’il conserve un statut indépendant des deux blocs de l’Est et de l’Ouest (l’une d’entre elles a même parlé de «?finlandisation?»?!). Malheureusement, il n’en a pas été ainsi et les initiatives de ces deux blocs («?Partenariat oriental?» pour l’Ouest et «?Union eurasienne?» pour l’Est) ont conduit à la déflagration actuelle. A l’heure où est écrit cet éditorial, il est impossible d’en prédire l’issue. Tout ce que l’on peut faire est d’agir pour que la sagesse l’emporte avec, plutôt qu’une partition aux conséquences inévitablement douloureuses et difficilement prévisibles, la constitution d’une nation viable servant de pont entre l’Est et l’Ouest dans la perspective d’un grand ensemble paneuropéen regroupant en bonne entente l’Union européenne et la Russie.
Pour que cette solution ne soit pas qu’un vœu pieux, il importe qu’un dialogue, certes franc mais constructif, soit établi entre l’Europe et la Russie, mais aussi que toutes les interventions extérieures cessent.
Dans cette Lettre, le lecteur trouvera le compte rendu des dernières activités du Cercle, qui certes s’intéresse à l’actualité (notre réunion plénière du 12 mars, programmée de longue date, aura été consacrée à l’Ukraine), mais aussi continue son travail sur les grandes questions de fond.
D’abord, sous la forme d’un exposé de Françoise Héritier?: une contribution au débat sur le «?genre?» visant à le clarifier à partir de son savoir d’anthropologue.
Puis, plusieurs contributions de membres du Cercle sur la fiscalité en France aujourd’hui, alimentant un débat dont ils souhaitent faire partager les arguments avec les lecteurs. ?
Michel Cabirol et Jean-Pierre Pagé