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La crise sociale et économique profonde que subit aujourd’hui le capitalisme tout comme l’accélération des dérèglements climatiques et environnementaux confirment largement l’acuité des analyses et les capacités visionnaires d’André Gorz.
Depuis sa disparition il y a exactement dix ans, nous pressentons que son œuvre est désormais incontournable à la fois à notre compréhension de l’évolution de nos économies industrialisées et au renouvellement d’un corpus intellectuel capable de nous permettre d’élaborer un projet de société désirable par le plus grand nombre.
Le moment est venu d’opérer un premier retour sur ses écrits pour mieux cerner leur portée. Il ne s’agit pourtant pas de rendre un hommage convenu à André Gorz mais de se placer dans une posture de continuité vivante. Autrement dit, de nous demander en quoi son œuvre nous aide aujourd’hui à ouvrir de nouvelles voies de réflexion politique et d’engagement citoyen.
Nous savons en effet que pour André Gorz, l’enjeu n’était pas tant de sortir d’une crise ou d’une autre mais bien de sortir du capitalisme lui-même. Cette perspective a souvent contribué à le classer parmi les auteurs sinon « utopistes » en tout cas « radicaux ». Pourtant, il est incontestable qu’à de nombreux moments-clé de notre histoire intellectuelle récente, André Gorz a su porter dans le débat politique des réflexions structurantes et toujours utiles pour l’action. Ce fut le cas par exemple à la fin des années soixante par ses apports originaux à une théorie de l’aliénation ou à la réflexion sur le dilemme réforme/révolution. Ce fut évidemment le cas aussi par ses contributions décisives et pionnières à l’Écologie politique dans les années soixante-dix. Un peu plus tard, ses Adieux au prolétariat puis ses Métamorphoses du travail font prendre corps à un débat jusqu’alors diffus sur la nature, le rôle et le sens du travail dans la société salariale rongée par le chômage de masse. Plus récemment, il nous invitait à prendre conscience du fait que le capitalisme était peut-être entré dans sa phase ultime.
Il est d’ailleurs un des rares penseurs de notre temps à avoir anticipé et pris la mesure des risques d’effondrement du système économique. N’en va-t-il de même du système politique démocratique? La question se pose.
Christophe Fourel est économiste de formation. Il est actuellement Chef de la Mission Analyse Stratégique, Synthèses et Prospective à la Direction Générale de la Cohésion Sociale. Il est par ailleurs Président de l’Association des lecteurs d’Alternatives Economiques et auteur (dir.) de La nouvelle économie sociale, 2001, La Découverte-Syros, et de André Gorz, un penseur pour le XXIème siècle, 2009 et nouvelle édition 2012, La Découverte. Carlo Vercellone, économiste, est Professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8 Vincennes- Saint-Denis et membre du laboratoire CEMTI (Centre d’Études sur les Médias, les Technologies et l’Internationalisation). Ses travaux portent notamment sur le capitalisme cognitif, l’économie de la connaissance et du numérique, le revenu de base et la problématique des communs comme mode de production. Dernier ouvrage (en collaboration) : “Il comune come modo di produzione”, 2017, Ombre corte, à paraître courant 2018 en français. |
Bernard WOLFER Président
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