3 rue Récamier, Paris 75007, métro Sèvres-Babylone
Liste des ouvrages récents:
– Passion arabe, Gallimard, 2013
– Passion française. La voix des cités, Gallimard, 2014
– Terreur dans l’Hexagone. Genèse d’un djihad français.
Les attentats de 2015 ont conféré une importance et une résonnance particulière au phénomène du « djihadisme » en France. Il suscite de nombreuses questions que se posent nos concitoyens et que l’on peut formuler de différentes manières.
S’agit-il d’un phénomène socio-économique tenant essentiellement à la mauvaise intégration dans notre pays de jeunes de culture musulmane issus de l’immigration ? S’agit-il d’un rejet d’une forme de société trop matérialiste qui laisse aux plus jeunes peu de possibilités de s’exprimer et de trouver leur accomplissement ? S’agit-il, dans cette société matérialiste, d’un retour en force du « religieux » que soulignent plusieurs analystes, avec un prosélytisme qui prend ici la forme extrême du djihad ?
Sur la base de son récent ouvrage, rédigé avec Alexandre Jardin, « Terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihad français », Gilles Kepel est particulièrement qualifié pour répondre à ces questions et nous faire comprendre comment, selon quelles étapes historiques et pour quelles raisons, ce phénomène est apparu et a pris le développement que l’on sait.
Le lecteur trouvera, en annexe à cette invitation, l’excellent résumé qu’a fait Christian Sautter de l’ouvrage dans sa « Lettre à nos amis. 676 ».
(*) A l’issue de la conférence, Gilles Kepel signera son livre.
3 rue Récamier, Paris 75007, métro Sèvres-Babylone
sur le thème de :
” Démocratie et République déboussolées ?
A la recherche de nouvelles pratiques politiques et d’institutions citoyennes.”
Sans céder au « déclinisme » ambiant ou aux sirènes des fins de règnes, nous sommes sans aucun doute préoccupés par les multiples défis auxquels nos sociétés sont confrontées, sans que nos institutions politiques et les politiques que nous élisons semblent capables de changer le cours des choses.
La suprématie souvent affirmée des « lois » économiques, du « marché », la puissance des grandes entreprises multinationales et des entreprises financières marquent les limites des pouvoirs politiques et citoyens. La globalisation de certains pouvoirs économiques, les délocalisations de nombreuses productions, la concurrence inégale entre diverses parties du monde forment un cadre économique dans lequel certains affirment qu’il n’y a pas d’alternative (TINA).
A cela s’ajoutent les grands défis climatiques et environnementaux. Si la COP 21 a bien posé les problèmes et certains objectifs nécessaires, a-t-elle enclenché un mouvement vertueux ? Rien n’est moins sur.
Concrètement la France et les pays européens vivent depuis longtemps des cycles de crises économiques qui ont accru le chômage et installé le sentiment que le futur est bloqué, en particulier pour les jeunes générations. Après avoir aidé à la solution de la crise du système financier en 2008, de nombreux états se retrouvent avec des dettes publiques élevées et font craindre des crises plus profondes, notamment en Europe. La Grèce en a été un révélateur. La solidarité européenne est mise en cause, et certains pays envisagent même de sortir de l’Union Européenne. De façon générale, peu de pays envisagent d’approfondir la construction politique de l’Europe.
Les mouvements politiques traditionnels semblent à court de projets novateurs, enfermés dans des cadres de pensée et d’action peut-être mal adaptés aux problèmes présents. Alors des partis extrémistes, notamment de droite appellent aux replis nationalistes, au rejet des étrangers, à certaines formes de protectionnisme et d’autoritarisme.
Pourtant, on voit aussi apparaître des mouvements citoyens qui appellent à de nouvelles pratiques politiques ou construisent de nouveaux projets, en se démarquant des partis traditionnels. Syriza, Podemos et quelques autres. Un besoin de démocratie plus participative, plus en phase avec des problèmes concrets : chômage, dettes, environnement. Internet fait émerger par ailleurs des formes nouvelles de pression ou de propositions politiques : pétitions, mais aussi débats. Les indignés, Nuit debout …
En France, certaines réformes et politiques sont sous le feu des critiques. La loi sur l’emploi, mais aussi la mise en Constitution de la déchéance de nationalité ou de l’état d’urgence qui montre une réelle droitisation d’une France se repliant sur ses peurs et sa sécurité.
En Europe, la crise des réfugiés met au grand jour l’impuissance politique de cette « Union » qui représentait jusqu’à il y a peu l’horizon de nos pays. Impuissance à peser dans la résolution des conflits à nos portes, à accueillir des hommes et des femmes qui fuient la mort et l’oppression : nos valeurs politiques et démocratiques sont clairement contestées. Nous savons que certaines interventions peu fondées des pays occidentaux depuis plus de vingt ans, au Moyen Orient, ont constitué le terreau des guerres actuelles, des terrorismes qui nous frappent. Et pourtant nous ne devons pas désespérer des mouvements démocratiques dans ces pays, des printemps arabes. Ils sont aussi notre avenir.
Comment dans ces conditions quelques peu sombres trouver encore quelques espérances ?
Nous pensons que de la réflexion collective et de la délibération peuvent sortir des propositions pour de nouvelles pratiques politiques et citoyennes. Les membres du Cercle Condorcet peuvent y participer, dans la mesure de leurs moyens. A moins de quatorze mois des élections présidentielles et législatives en France, le Cercle Condorcet se doit de redonner un certain sens à la République.