à Monsieur le Président de la République

Le discours sur la Pnyx à Athènes a eu le grand mérite d’expliciter de façon claire et exemplaire votre projet pour rénover l’Europe dont les principes figuraient dans votre opuscule : « Révolution ».
On ne peut qu’être pleinement en accord avec les objectifs fixés de la sorte, à savoir :
– Transformer l’Union Européenne, entité mal définie et bancale, en une construction démocratique (ce qu’elle n’est actuellement qu’en apparence) avec une chambre contrôlant la politique économique et sociale et des instances de représentation des élus sur une base transnationale.
– Doter l’Europe d’un budget digne de ce nom permettant de financer les investissements indispensables et de conduire une politique à la mesure de ses ambitions avec à sa tête un responsable désigné et contrôlé dans des conditions démocratiques.
On notera que ceci ne permet pas de trancher le débat concernant le champ géographique couvert par l’Union Européenne. Faut-il maintenir la composition de la Zone Euro distincte de celle de l’Union Européenne ? Faut-il poursuivre tout de suite l’extension de cette Union à d’autres pays ? On peut penser que ce ne serait pas souhaitable tant que la transformation de l’actuelle Union dans un sens plus opérationnel et démocratique n’aura pas été réalisée.
En revanche, il parait nécessaire de marquer un certain désaccord concernant les moyens proposés par le Président de la République pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, au moins pour la France.
Tout laisse à penser que celui-ci compte pour ce faire sur un virage libéral de la politique économique française afin de vaincre les réticences qu’il connait de la part de ceux qui conduisent l’économie et la société allemandes. Ce serait un marché de dupes que de chercher, à cet égard, à copier l’Allemagne. Il convient au contraire d’entreprendre une discussion sérieuse avec les responsables de ce pays afin de voir comment pourraient être corrigés les inconvénients de la politique économique et sociale qu’ils lui font mener. On ne retiendra ici que deux éléments : l’insuffisance des investissements dans les infrastructures qui sont souvent dans un état déplorable et la paupérisation excessive d’une partie importante de la population (notamment féminine) à la suite des réformes conduites par Gerhard Schröder.
Par ailleurs, il parait clair que la politique qu’entend faire mener à la France le Président de la République s’inspire du « monde scandinave » ? Encore faudrait-il étudier plus à fond ses possibilités d’adaptation à la société française.
Si l’on veut que le Président de la République puisse voir atteints les objectifs qu’il propose à juste titre à nos voisins, ceci implique qu’une réflexion approfondie sur les conditions économiques et sociales que cela suppose soit menée et que les conditions à en tirer soient proposées aux autorités des autres pays membres de l’Union sans succomber, chemin faisant, aux diktats que certains de nos interlocuteurs (en particulier en Allemagne) ne manqueront pas de vouloir nous imposer.

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