Date/heure
17 novembre 2025
19:30 - 21:00
Emplacement
Ligue de l'Enseignement
Réservations
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La construction de grands ensembles à partir du milieu des années 1950 fut une politique délibérée pour résoudre à la fois une crise du logement ancienne, accrue par les destructions de la seconde guerre mondiale et pour offrir à une population ouvrière et d’employés en forte croissance des logements de qualité avec un confort moderne. Le choix fut pris de rassembler et concentrer des immeubles collectifs, tours, barres, et d’éviter un étalement urbain. Les principes architecturaux et techniques modernes furent employés, associant même des grands architectes, allant jusqu’à créer des villes nouvelles comme Sarcelles.
Des populations diverses se retrouvèrent ainsi logées, à certaine distance des grands centres urbains : venant du milieu rural, de villes de province en perte d’emplois, de rapatriés d’Algérie etc. Cette diversité fut longtemps bien vécue. Mais assez vite apparurent aussi des limites, voire des inconforts au regard de la vie moderne, comme le mauvais entretien du bâti, et ceux, dont le niveau de vie avait augmenté, quittèrent ces lieux. Petit à petit, ils furent remplacés par des populations immigrées. Plusieurs crises « des banlieues » mirent en cause ces grands ensembles à partir des années 80 comme étant des milieux dangereux. Commencent alors pour les grands ensembles la critique de leur principe et la stigmatisation de leur population, avec le développement conjoint d’une opposition à l’immigration.
Les attentats de 2015 ont renforcé cette stigmatisation des grands ensembles ainsi que le sentiment de leurs habitants d’être relégués : certains terroristes venaient de ces banlieues.
Notamment Amedy Coulibaly était né et avait grandi à Grigny, ville la plus pauvre de France dans l’emblématique cité de la Grande Borne.
Deux sociologues ont étudié pendant 10 ans, « au plus près de leurs habitants, le rapport des quartiers populaires aux attentats islamistes, et de là, la vie ordinaire de leurs habitants à l’épreuve des violences qui pèsent structurellement sur leurs quotidiens : celles des trafics et de la police, mais aussi de l’exploitation, de la pauvreté, du racisme, du virilisme et de la stigmatisation. A l’épreuve aussi des blessures intimes et des combats communs ».
« Comment tient-on dans ces conditions? Qu’induit le fait de vivre en se sachant scruté par les médias, pointé du doigt quand un voisin bascule dans le terrorisme? Pourquoi les conditions de vie ne cessent-elles de se dégrader, alors qu’une large part de leur population parvient à trouver sa place dans la société? »
Fabien Truong et Gérôme Truc viendront nous l’exposer et nous dire comment cette pauvreté subie engendre aussi bien solidarités que rivalités, ressentiment qu’espoir et même la joie.
Leur livre : Grands ensemble, Violence, solidarité et ressentiment dans les quartiers populaires, La Découverte, 2025, 373 pages.
Fabien Truong est sociologue, écrivain et enseignant à l’Université Paris-8. Spécialiste des quartiers populaires, il a notamment publié Des capuches et des hommes (Buchet-Chastel, 2013), Jeunesses françaises (La Découverte, 2022) et Loyautés radicales (La Découverte, 2025]).
Gérôme Truc est sociologue et chercheur au CNRS, membre de l’institut des sciences sociales du politique. Il a notamment publié : Sidérations : une sociologie des attentats, Paris, Puf (« Le lien social»), 2016, Face aux attentats (dir. avec Florence Faucher), Paris, PUF, 2020, Les Mémoriaux du 13 novembre (dir. avec Sarah Gensburger), Paris, Éditions de l’EHESS, 2020.
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