Les gilets jaunes : une énigme sociale ?

Nous vous invitons à une plénière, le mercredi 4 décembre 2024, de 19h00 à 20h30, à la Ligue de l’Enseignement, 3 rue Juliette Récamier, 75007 Paris

Avec Antoine Bernard de Raymond Et Sylvain Bordiec

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Le mouvement des gilets jaunes, parti du refus d’une taxe sur les carburants, s’est étendu rapidement à partir du 17 novembre 2018. Son ampleur a surpris. Comment un mouvement de gens a priori inorganisés, sans objectifs préalables hormis la contestation, a-t-il pu coaguler un ensemble de colères et de mal-être communs?

Le regroupement de multiples collectifs autour des ronds-points, la sociabilité spontanée ainsi constituée a donné l’image populaire d’une force nouvelle issue du peuple. Mais duquel ? On a beaucoup dit qu’il s’agissait de périurbains, de classes pauvres ou moyennes se sentant exclues, peu écoutées, et qui, occupant des lieux de répartition de leurs mobilités en montraient à la fois l’importance et l’impasse qu’ils constituent. Où Aller ? L’attaque du rond-point de l’Etoile à Paris a signifié qu’il était à conquérir sinon à détruire en tant que lieu de pouvoir urbain

Ce mouvement s’est épuisé avec le temps et les réponses politiques apportées, au-delà de la suppression de la taxe, sont relativement faibles.

Six ans après le début de ce mouvement, il est utile de faire un retour pour essayer de comprendre ce que sont ces gilets jaunes. Sont-ils représentatifs de la population française ou n’en constituent-ils qu’une frange en moyenne plus déclassée que les autres?

Que sont devenues leurs revendications de souveraineté populaire face aux élites, de démocratie autre (le RIC), Nous avions parlé ici d’anomie à propos de leur nature. Mais étaient-ils sans valeurs ?

Dans un livre récemment paru, Sociologie des gilets jaunes, reproduction et luttes sociales, Antoine Bernard de Raymond et Sylvain Bordiec ont enquêté auprès de gilets jaunes et proposent des réponses originales aux questions sur ce mouvement d’inorganisés qui ont fait de leur faiblesse une force étonnante.

Ils proposent une lecture particulière. Ce mouvement relèverait moins d’une crise de production que d’une crise de reproduction sociale des ménages populaires dans les territoires périurbains et ruraux.

Antoine Bernard de Raymond a accepté de venir en débattre avec nous.

Il est directeur de Recherches à l’INRAE à Bordeaux. Et c’est dans cette région que leurs enquêtes se sont déroulées. Sylvain Bordiec interviendra avec lui.

Bernard Wolfer

Antoine Bernard de Raymond est sociologue, directeur de recherches à l’INRAE, à Bordeaux sciences économiques de l’université de Bordeaux. Ses travaux portent sur les pratiques économiques et les transformations des conduites de vie.

Sylvain Bordiec est sociologue à l’université de Bordeaux. Ses travaux portent sur l’action publique et les solitudes contemporaines.

Leur livre est paru aux éditions Le bord de l’eau, en septembre 2024.