Une société peut-elle se moderniser sans s’occidentaliser ?

Date/heure
22 avril 2024
19:00 - 20:30

Emplacement
Ligue de l'Enseignement

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Une société peut-elle se moderniser sans s’occidentaliser ?

Avec Maurice Godelier

Anthropologue

Source : RFI

L’Occident n’a pas toujours dirigé le monde : vers l’an mil, le monde arabo-musulman était en pointe sur le plan scientifique ou artistique ; pendant de nombreux siècles, la Chine a développé une civilisation technique, administrative et idéologique remarquable.

Toutefois, du XVIème siècle au XXème siècle, l’Occident s’est emparé du monde, s’appuyant sur un système global fondé sur 3 piliers principaux : le capitalisme, la démocratie et le christianisme qui ont généré un développement technique, économique et politique plus rapide que le reste du monde. Ceci a permis à l’Occident de « coloniser » le monde grâce à ses capacités militaires. Certes, le capitalisme a évolué (marchand, industriel, financier), la démocratie n’étant accessible que dans les métropoles et le christianisme qui avait justifié les premières colonisations étant remplacé par les valeurs « civilisatrices ».

Plusieurs peuples se sont modernisés tout en gardant l’essentiel de leur culture et de leur identité tels le Japon ou l’Inde. Le communisme a été vu comme l’opposition au capitalisme et à la démocratie occidentale, indiquant une autre voie de progrès que la voie occidentale.

Après avoir cru à la « fin de l’histoire » et au triomphe définitif de l’Occident, celui-ci aujourd’hui se trouve défié par des entités se réclamant de paradigmes très différents allant de l’islamisme aux « valeurs asiatiques » reposant sur d’autres conceptions du monde.

De la modernisation, telle que nous la concevons, nombre de pays et de peuples en prennent ce qui convient à leur culture, leurs idéologies, et leurs modes de gouvernements, sans garder les principes démocratiques de l’Occident. Ils s’opposent ainsi à l’Occident et à la supposée suprématie de ses valeurs. Celui-ci ne paye-t-il pas pour son passé ?

Contrairement à ce que pensent les Occidentaux, un développement économique peut-il se faire dans une société non démocratique ? non occidentalisée ?  Des valeurs universelles, comme la liberté, l’égalité, les droits humains ne seraient-ils pas indispensables ? Se pourrait-il même que leur absence rende les progrès plus aisés et plus rapides ?

Maurice Godelier examine dans son dernier livre ces questions à la lumière de l’évolution de ces sociétés sur une longue période, mais aussi dans leurs rapports entre elles. Il viendra en discuter avec nous.

Maurice Godelier est anthropologue. Il a été directeur scientifique de département des sciences de l’homme au CNRS.  Directeur d’études à l’EHESS, il y a dirigé le centre de recherche sur l’Océanie. Prix de l’Académie Française, il a reçu la médaille d’or du CNRS en 2001 pour l’ensemble de son oeuvre. Il a notamment vécu chez les Baruyas, en Nouvelle Guinée, apportant une nouvelle façon de voir les tribus dites primitives et leur intégration dans le monde moderne.

Parmi ses œuvres, nombreuses, touchant des domaines différents : La production des Grands Hommes (1982 et 1996), Irrationalité et Irrationalité en économie (1968), L’énigme du don (1996), Quand l’Occident s’empare du monde (XVème – XXIème siècle) (2023).

Pléniere Godelier Maurice

 

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