Avec Yannick Trigance – Sous la présidence de Françoise Sturbaut
20 avril 2023, Institut Protestant de Théologie, 83 bd Arago, Paris 14
Yannick Trigance été inspecteur de l’Education Nationale. Brièvement député, il est aujourd’hui Conseiller Régional Ile de France. Il est également directeur de Cabinet adjoint d’une ville de Seine-Saint-Denis. Enfin il est Secrétaire national PS École, Collège, Lycée au Parti Socialiste. Il a publié plusieurs tribunes dans le Monde sur l’éducation.
Françoise Sturbaut a été enseignante (institutrice puis agrégée de lettres modernes). Personnel de direction depuis 2001, elle est actuellement, proviseure du Lycée Paul Valéry à Paris. Présidente de l’association Education&Devenir de 2015 à 2021, vice- présidente en charge de l’éducation à la FD 75 de la Ligue de l’Enseignement, elle est depuis 2022 présidente de la Ligue de l’Enseignement au niveau confédéral.
La question de l’enseignement est de nouveau sur le devant de la scène. Il est de plus en plus reproché à notre système d’enseignement de mauvais résultats, depuis le primaire jusqu’à l’enseignement supérieur. Bien que l’objectif, voulu par Jean Pierre Chevènement, de porter 80% d’une génération au niveau du bac soit atteint, de nombreuses imperfections minent cette réussite.
Les comparaisons internationales (PISA) semblent accorder foi à plusieurs de ces reproches. Mais il n’y a pas que cela. Notre tradition républicaine assignait à l’enseignement public l’objectif de former des citoyens et de les faire accéder aux métiers et aux fonctions avec une égalité des chances. Il est reproché à notre système d’échouer en partie et de maintenir des discriminations sociales, parfois même de les encourager. Il existe notamment des ségrégations territoriales.
Le métier d’enseignant, autrefois fortement valorisé, est aujourd’hui souvent dévalué. En particulier, il ne reçoit pas les rémunérations que nombre d’enseignants de pays développés perçoivent. Malaises et mécontentements sont devenus récurrents. Les vocations se tarissent. Les parents d’élèves ne trouvent pas toujours dans l’éducation nationale les soutiens qu’ils attendent pour la formation et l’éducation de leurs enfants.
C’est presque toujours l’enseignement public qui est mis en cause. Jusqu’aux années 80, l’opposition entre privé et public concernait essentiellement les institutions confessionnelles et l’Etat. Elle atteignit son paroxysme avec l’échec de l’institution d’un service public et laïque de l’enseignement (Loi Savary), incluant le privé (principalement catholique), en 1984 aboutissant à la démission du gouvernement Mauroy. Dans la course à la réussite souhaitée par le plus grand nombre, des enseignements privés se sont développés : accompagnements, écoles, jusqu’à former des groupes internationaux. Les défaillances ou insuffisances du système public trouvent des solutions dans ce qu’il conviendrait de nommer des marchés de l’éducation.
Malgré l’importance accordée à l‘enseignement public (par la loi, les budgets, etc.), c’est la logique de concurrence et de marché qui semble prédominer, y compris dans l’enseignement public soumis à ces logiques sous des couverts parfois pédagogiques (autonomie, responsabilité, innovations, etc.). On parle même de management de l’école. Face aux difficultés, les solutions envisagées font la part belle à l’initiative privée. Peut-on s’en satisfaire?
Le Cercle Condorcet de Paris a été créé après l’abandon de la loi Savary, avec pour objectif de participer au renouvellement de la pensée républicaine, démocratique et laïque.
Condorcet écrivit un célèbre rapport sur l’instruction publique, présenté les 21 et 22 avril 1792 à l’Assemblée Nationale, qui servit de base pendant plus d’un siècle pour l’établissement de l’instruction en France. Dans son premier mémoire, il écrivait aussi que la société doit au peuple son instruction (y incluant les femmes et en excluant tout aspect utilitariste).
Que peut-il en être aujourd’hui, à propos de l’enseignement ?
Yannick Trigance a accepté de venir débattre avec nous de ce moment où il est peut-être nécessaire de refonder une éducation nationale comme projet politique et social. Françoise Sturbaut, présidente de la Ligue de l’enseignement a accepté d’en présider les débats.