A l’Est du nouveau mais l’Europe peut-elle encore grandir ?

Avec Pierre VIMONT, Ambassadeur de France

25 mai 2023, Institut Protestant de Théologie, 83 bd Arago, Paris 14

Pierre Vimont a été représentant de la France à Bruxelles, ambassadeur à Washington, directeur de Cabinet du ministre des Affaires Européennes, puis du ministre des Affaires Etrangères, enfin Secrétaire Général exécutif des affaires extérieures de l’UE. Sa réputation de négociateur en situations difficiles en fait un bon expert de l’Europe. Il a été représentant du Président de la République en Russie. Il est membre de la fondation Europe Carnegie. Il enseigne à l’université Columbia à New-York.


L’Europe, sous la forme d’une union de pays, s’est construite aux lendemains de la seconde guerre mondiale pour créer un espace de paix et de prospérité. On peut considérer que les six pays fondateurs ont réussi, même si aujourd’hui les critiques ne manquent pas. Parvenue un temps à 12, puis à 15, elle s’est vue brusquement élargie aux pays de l’est de l’Europe issus, pour certains, de l’ex-Union soviétique, à partir de 2004. Depuis bientôt vingt ans ces pays constituent, par leurs origines, leurs histoires, leurs différences économiques et culturelles, un apport particulier à l’Union Européenne. Leur appartenance au monde communiste pendant plus de cinquante ans a laissé des empreintes et on observe des divergences entre l’est et l’ouest mais aussi avec le sud de l’Europe qui bousculent parfois les idées courantes sur la construction européenne et ses effets de convergence, jusqu’à supposer que leur entrée a affaibli l’Europe en termes démocratiques et sociaux. Le départ de la Grande Bretagne n’a pas manqué de souligner ce déséquilibre, et les risques d’éclatement qui pourraient en résulter. D’autant que les politiques libérales en économie, n’ont pas toujours favorisé ces pays, accroissant les divergences sociales, devenues difficiles à combler.

L’agression de l’Ukraine par la Russie a montré une adhésion forte, à quelques rares exceptions, au soutien politique et militaire contre la Russie. Les pays de l’est ont ainsi confirmé leur attachement à la plupart des valeurs démocratiques « occidentales », même si parfois elles s’en distinguent sur certains points (notamment par « illibéralisme »). Certes, on peut, en matière de défense, estimer que l’OTAN prévaut sur l’UE. Mais à regarder de plus près, ce sont aussi les soutiens économiques de l’UE, en période de crise, et ses décisions en matière de défense qui déterminent l’adhésion de ces nouveaux pays. Plus encore, ils manifestent parfois une volonté de leadership pour défendre des intérêts communs, montrant ainsi leur intégration aux processus européens. Le fait d’être en première ligne près de la Russie est sans doute un facteur déterminant.

Vingt ans après, l’élargissement à l’Est est-il pour autant signe de renouveau ? La question est ouverte. L’Union Européenne peut-elle, avec les menaces à l’Est, fonder une alternative aux tendances nationalistes, populistes et autoritaires qui se manifestent un peu partout dans le monde ? On dit souvent que l’Europe se construit dans les épreuves : est-ce encore le cas, et vers quoi ? Peut-elle représenter encore un modèle et un projet politique suscitant le soutien des peuples de l’Europe ?

Pierre Vimont, Ambassadeur de France, a accepté de venir en débattre avec nous, nous proposant de regarder avec attention les évolutions de l’Est de l’UE.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *