Cette Lettre veut être une modeste contribution à la double campagne, présidentielle et législative, qui va occuper notre pays jusqu’au mois de juin. Les discussions sur la démocratie ainsi que quelques idées avancées par les membres du Cercle, et débattues en réunion plénière, veulent provoquer la réflexion et le dialogue. Entre nous, mais aussi avec certains candidats qui nous ont fait savoir l’intérêt porté à nos travaux antérieurs et à ceux à venir, en particulier la brochure “La France face au capitalisme”, qui sera bientôt publiée.
Je voudrais ajouter à cet échange un thème qui me semble pour l’heure laissé de côté et qui pourtant paraît important. Se rend-on compte que le futur président et les futurs députés seront les responsables politiques qui auront à débattre et à décider de l’avenir de l’Europe ? En effet, c’est à l’échéance de 2004 qu’il a été convenu, d’une part, de fixer les conditions nouvelles d’un approfondissement de l’Union européenne, avec même l’éventuelle adoption d’une Constitution, d’autre part d’accueillir dans l’Union dix nouveaux membres, en particulier les Européens du centre et de l’est.
Comment ne pas voir que cette donne est majeure pour la réflexion politique, économique, sociale et culturelle de notre pays, eu égard aux conséquences qu’elle implique pour la France et pour les Français.
Tout le monde s’extasie devant la réussite du passage à l’euro. Je ne suis pas sûr pourtant que cela ait stimulé la réflexion sur les politiques économique et financière qu’il conviendrait de mettre en place à l’échelle européenne, si l’on ne veut pas en rester à la réussite d’une réalisation technique. Alors pour 2004 …
L’argument majeur avancé par le monde politique et les médias est que l’Europe n’intéresse pas, que ce n’est pas une problématique “vendeuse” et “porteuse de voix”. Ceci est faux. Toutes les études d’opinion, hélas pas toujours publiées, montrent au contraire que les citoyens français ne demandent qu’à être partie prenante d’éventuelles discussions, pour peu que l’on ouvre véritablement la boîte à débats et à idées. Mais les politiques font preuve, tous partis confondus, d’une étrange cécité – peur ou manque d’imagination (?) – qui peut préparer de douloureux réveils.
Souhaitons donc que les premiers candidats et futurs élus “post euro” s’emparent dans les semaines qui viennent de cette nécessaire dimension européenne de la politique française. Nous mettons à leur disposition, avec d’autres, les recherches et écrits du Cercle, fruit de discussions et d’échanges citoyens. Il y a de quoi alimenter la campagne !