Lettre n°6 : Pourquoi la réalité du débat associatif ne nourrit-elle pas la débat politique?

Les associations se comptent en France par centaines de milliers et emploient plus d’un million de personnes. Il s’agit donc d’un secteur très important mais aussi très hétérogène. En effet, qu’y a-t-il de commun entre Médecins du Monde, un club de joueurs de boules et l’association des amis de Jacques Chirac ? Leur vocation peut-être très différente : pour ou contre, pour remédier à un problème dans l’urgence ou sur la durée…

Beaucoup pensent que le secteur associatif connaît une crise importante et certains regrettent que les débats qui ont lieu au sein des associations ne trouvent aucun débouché politique.

Le monde associatif n’est pas aussi florissant qu’il y a trente ans : problèmes financiers, décroissance du militantisme, montée de l’individualisme, moindre implication des jeunes…. De plus, les associations ne sont pas immunes contre les phénomènes de corporatisme (chasseurs), ou de pouvoir (l’ARC en était un cas extrême), qui rebutent les bonnes volontés. Enfin, beaucoup pensent que l’Etat doit tout régler et que l’engagement associatif peut se limiter à de courtes périodes où il s’agit de faire valoir ses revendications parfois de façon bruyante.

Toutefois, de nombreuses associations s’occupent de sport, de culture, d’actions de solidarité. Elles créent ainsi du lien social et peuvent être considérées comme faisant de la politique au sens le plus noble du terme. Mais si l’on considère le débat politique dans un sens plus restrictif, le monde associatif semble peu intervenir dans le débat politique général, à quelques exceptions près.

De nombreuses associations sont spécialisées et se professionnalisent. Elles cherchent ainsi à peser davantage dans un secteur bien précis, sans avoir de projet global. Certaines dans cette catégorie jouent cependant un rôle politique majeur (cf : l’approfondissement de la loi contre l’exclusion). Ce type d’associations est en quelque sorte le “poil à gratter” de l’administration et du gouvernement. Leur expérimentation, lorsqu’elle s’avère concluante, devrait servir d’exemple, être reprise et généralisée par l’Etat républicain.

Enfin, avec l’évolution de l’Europe, de nombreuses associations cherchent plus à s’internationaliser qu’à élargir le spectre de leur intervention. Ceci pousse souvent ces associations à intervenir auprès de la Commission européenne de l’ONU ou de l’UNESCO, qui sont souvent plus réceptives que les gouvernement locaux.

On peut aussi se demander si cette situation ne provient pas de l’absence de projet politique alternatif depuis les années 80. De même, l’absence de structure équivalente au PS des années 70, capable de traduire politiquement des aspirations profondes (droit des femmes, écologie, autogestion…), freine l’intégration des associations dans le débat politique. La sociologie des partis politiques français, et surtout leur direction, renforce cet état de fait en dehors des échéances électorales.

Les associations représentent une caisse de résonance très intéressante des préoccupations des français et des problèmes de notre société. Il serait donc judicieux que les instances dirigeantes de notre pays instaurent des relations plus ouvertes avec elles, en vue de mieux tirer parti de leurs expériences réussies.

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