Toutefois, ces mesures doivent être prises de façon raisonnée et non sous l’emprise de l’émotion.
Il faut d’abord comprendre ce qui se passe (comme l’a proposé Madame Taubira) non pour chercher une quelconque excuse à ces actes barbares mais pour déterminer les axes de défense efficaces et pertinents. Il faudra par exemple prendre en compte les travaux de Dounia Bouzar sur les radicalisés, les analyses d’Olivier Roy (« Il n’y a pas radicalisation de l’islam mais islamisation de la radicalisation ») ou de Giorgo Agamben sur le passage de l’Etat de droit à l’Etat de sécurité.
Comme le souhaite le Président de la République, il faut unir la France autour de ses valeurs fondamentales. Dans ce contexte, la mesure proposant d’inscrire dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français convaincus d’activités terroristes (pour les naturalisés, c’est déjà possible) n’est pas une mesure d’unité :
– Elle est inefficace pour faire reculer des gens prêts à se faire exploser ou à perpétrer des massacres
– En revanche, elle stigmatise 3 millions de Français qui souvent considérés par l’extrême droite comme des Français de seconde catégorie
– Elle représente un coup de canif dangereux dans le droit du sol
Jusqu’à présent, la gauche a su répondre de façon ferme aux attaques terroristes (au Mali ou lors des attentats de janvier et novembre 2015) tout en gardant son honneur et ses valeurs.
Elle ne doit pas y renoncer pour complaire à une droite extrême qui lui en demandera toujours plus (François Hollande a déjà renoncé en début de mandat à proposer une réforme constitutionnelle sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales).
La défense de la République et de l’unité nationale exigent le maintien de principes et de valeurs comme le droit du sol, la défense de l’égalité de tous les Français ou l’intégration de tous ceux qui veulent être Français.