Lettre N°31, Attention : moment critique !

Rarement avons-nous eu autant le sentiment de vivre un moment aussi critique de notre Histoire. Une Histoire qui se confond aujourd’hui avec celle de l’Europe. Entre la tentation du retour en arrière quand les nations européennes restaient souveraines et avaient leur propre monnaie et le vertige du basculement vers l’inconnu d’un fédéralisme juste et intelligent en vue de poursuivre l’aventure européenne, il nous faut trancher clairement aujourd’hui. Notre avenir, dans un monde globalisé de géants où les nations européennes, ramenées à leurs dimensions originaires, seraient des Lilliput, en dépend. Il dépend d’abord principalement de l’entente d’un couple franco-allemand dont Hans Stark dresse l’inventaire et qui, malgré des fêlures inquiétantes, reste plus soudé et capable d’agir qu’on ne le croit. Mais il dépend aussi de la capacité des « élites » qui nous gouvernent à s’affranchir de la doctrine du « Consensus de Washington » qui continue, malgré ses effets pernicieux reconnus, à prendre en otage la pensée occidentale et dont les ravages ne cessent de ruiner toujours davantage l’économie européenne sous la forme des politiques d’austérité dont Henri Sterdyniak a montré le caractère suicidaire.
Dans ce contexte délétère, notre président avance difficilement au milieu des obstacles en tout genre. Obligé de s’en tenir à une certaine solidarité avec ses pairs des autres pays d’Europe, il fait l’objet de toutes les critiques au nom d’un Traité qu’il ne considère que comme un moindre mal nécessaire. Accusé de ne pas mener les réformes hardies que préconisent haut et fort des promoteurs dans la plus grande confusion, il est à la recherche du juste équilibre. Il lui appartient surtout, plutôt que de trouver l’impossible optimum d’une politique spécifiquement française que l’on lui réclame, de peser clairement dans le sens d’une orientation de l’Europe vers une intégration, à la fois, plus efficace sur le plan économique, plus juste parce que solidaire et plus démocratique. Comme le souligne Hans Stark, s’il allait voir Angela Merkel avec un véritable plan de ce type, elle ne pourrait pas s’y opposer. ?

Michel Cabirol et Jean-Pierre Pagé

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