Neuf mois d’une campagne qui a souvent tourné au jeu de massacre et s’est conclue par l’élection d’un président de la République inattendu. L’éviction des candidats des primaires des deux partis de gouvernement PS et LR a laissé la place à un face à face entre la candidate du FN et Emmanuel Macron, l’extrême droite et un extrême centre dit « En marche ».
Au delà du soulagement de ne pas avoir l’extrême droite au pouvoir, mais pouvait-elle y parvenir (voir Nonna Mayer lettre 41), la nouvelle configuration du pouvoir politique se construit au fil des moments électoraux sans références connues.
Paraphrasant Jacques Brel, « la valse a mis le temps » : les deux partis majoritaires de la Ve république sont écartés du pouvoir, mais certains de ses membres migrent vers le nouveau mouvement bien nommé « En marche ».
Le nouveau président de la République, européen convaincu, repousse les extrêmes, droite et gauche, sur ce terrain. Mais alors les deux partis évincés vont essayer de résister. Cinq groupes d’électeurs sont apparus au moment du premier tour de l’élection présidentielle, se partageant l’électorat.
Vont-ils se maintenir en une démocratie plus parlementaire qu’auparavant ou se fondre ? Rien n’est assuré à ce jour. Le paradoxe de Condorcet a joué à plein dans cette élection, les préférences politiques ayant été chamboulées par les calculs des votes par défauts autant que par adhésion. Nos plénières ont essayé d’approcher les questions posées par cette élection.
Sur la République au risque des identités nationales, [Patrick Weil->https://cercle-condorcet-de-paris.org/spip.php?article542] a montré la difficile construction de l’esprit citoyen et compatriote par le manque de conscience historique commune.
Sur la nécessaire réforme des institutions de la République, [Dominique Rousseau->https://cercle-condorcet-de-paris.org/spip.php?article551] a considéré que seul un temps révolutionnaire obligeait à changer la constitution dans son ensemble mais qu’il est possible de la faire évoluer vers des pratiques plus démocratiques, où les citoyens seraient mieux consultés, où les droits seraient élargis, la confrontation des projets mieux prise en compte.
Marcel Gauchet a mis en évidence les limites atteintes par le projet social, partagé par droite et gauche selon lui, et l’émergence nécessaire d’une nouvelle identité, plus libérale. Chacune de ces plénières a finalement éclairé ce qui est advenu. Mais il reste beaucoup de travail pour mesurer les changements peut-être essentiels en cours.