Lettre n°25 : Non ! La crise n’est pas finie

La crise serait-elle « finie » ? On l’entend dire de toutes parts. La machine économique qui
fait actuellement fonctionner notre société serait repartie « comme avant ». Et les pires
comportements de ses acteurs : la reprise un ton au-dessus de la spéculation, l’inégalité dans
l’accaparement des profits, même le retour des « subprimes » aux États-Unis – tendent à l’accréditer.

Pourtant, la « vraie crise » n’est pas terminée. Celle que l’on ne peut pas réduire à une simple dimension
financière ou économique. Nous vivons une véritable crise de société qui met en question notre modèle
de développement et ses conséquences sur l’avenir de l’homme et de la planète.
Ceci a bien été démontré par Dominique Méda et Marie-Claude Blais lors de leurs conférences
devant les membres de notre Cercle dont on trouvera le compte rendu dans la présente Lettre.

Dominique Méda a clairement montré comment la crise actuelle est celle des représentations qui
fondent nos actions et, plus précisément, notre représentation de l’Homme comme individu mu
exclusivement par son intérêt personnel, ce qui conduit à décrire la société comme une agrégation
d’individus, les uns à côté des autres sans plus.
À ceci s’ajoute la perversion du sens de la notion de progrès. Assimilé à la croissance économique et,
in fine, à son indicateur : le Produit Intérieur Brut (PIB), le progrès dans cette acception ignore une
part très importante, peut-être la plus importante, des résultats de l’activité humaine.

Marie-Claude Blais a complété cette démonstration en montrant comment le contenu du concept de
solidarité, qui a longtemps fondé les propositions politiques de la gauche, s’est appauvri lorsque nous
sommes passés, sous l’influence de l’idéologie néo-libérale, d’un État social visant à l’émancipation
de chacun, qui a culminé en France au cours des « Trente Glorieuses », à un État correcteur des
défaillances du marché dont l’action se limite à un saupoudrage visant à colmater les brèches d’une
société en proie à un individualisme forcené. Et elle conclut : « La solidarité peut-elle retrouver sa
dimension de contrat collectif, ou se réduira-t-elle à une version moderne de l’ancienne philanthropie, ou
encore, à un projet de société construit autour de la peur et de la recherche de la sécurité ? »

La teneur de ces deux interventions constitue un apport important à la réflexion déjà engagée au sein
du Cercle dans deux commissions. L’une s’est attaché aux aspects économiques et financiers, l’autre à
la définition des valeurs à retenir pour refonder un projet de société.
Au-delà des analyses et des constats portant sur les causes et les conséquences de cette crise, notre
Cercle a formé le projet de formuler des perspectives dans ces deux domaines.
Alors, au travail !
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