Au moment où nous engageons une nouvelle année d’activités, il n’est pas inutile de s’interroger sur les raisons d’être du Cercle et sur le sens que nous voulons continuer à lui donner.
Il me semble que les deux perspectives fondatrices, voici seize ans, demeurent valides. D’une part, être un lieu de rencontre et de débat entre des hommes et des femmes venus d’horizons divers, mais partageant un même idéal de pensée républicaine ; d’autre part, être un lieu de réflexion et de proposition pour contribuer à donner corps à cette pensée.
Pourtant il est évident que ces deux perspectives doivent être appréciées à l’aune de l’évolution du temps, en particulier de la vie politique, et des possibilités humaines et matérielles pouvant être mises en œuvre.
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Avons-nous toujours quelque chose à dire ? A qui voulons-nous le dire ? Comment pouvons-nous le dire ? Telles sont, brutalement peut-être, les trois questions de fond auxquelles il serait bon que nous réfléchissions au long de cette année. Comme nous avons commencé de le faire depuis la rentrée, stimulés à cause du débat provoqué par la Ligue de l’Enseignement quant à nos rapports avec elle.
Pour répondre à ces questions deux éléments sont à considérer :
– l’impératif de renouveler les générations et conjointement l’accroissement du nombre des membres ; même si nous n’avons pas l’objectif d’être une structure quantitativement nombreuse ;
– la nécessité de prendre acte du fait que parmi nos adhérents, beaucoup sont déjà engagés en d’autres lieux de pensée et d’action, ce qui est à la fois une richesse et une fragilité.
Néanmoins, au vu de ce que nous avons pu faire ces deux dernières années (rencontre sur le Moyen-Orient, colloque et brochure sur le capitalisme, tribunes libres dans la presse, publication régulière de la Lettre, réflexions sur biologie et éthique), nous pouvons constater que notre nom et notre place sont reconnus et appréciés à l’extérieur.
Oui, nous avons quelque chose à dire, à condition de bien cibler nos centres d’intérêt. Oui, nous devons faire un effort pour le dire, individuellement et collectivement. Oui, nous pouvons le dire, en fonction de nos moyens et en partageant ceux-ci avec d’autres.
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C’est dans cette perspective que nous avons décidé de participer à la création d’une structure « interclubs », partant de l’idée que dans la gauche actuelle beaucoup de clubs et de cercles « philosophent » dans leur coin, avec la volonté d’être indépendants de partis ou d’« écuries » personnelles. Quelques uns ont pensé utile de se retrouver pour échanger et confronter leurs réflexions, en débattre, bref, travailler ensemble sur quelques thèmes, dans le respect des origines de chacun (1). Nous ne sommes qu’au début de cette rencontre interclubs, mais je souhaite que nous y prenions toute notre place.
Par ailleurs, il est un thème cher au Cercle Condorcet et sur lequel nous avons pris dans le passé quelques positions nous plaçant en avant-garde : l’Europe. Il nous faut développer cet acquis, surtout à un moment qui s’avère crucial pour l’avenir de l’Union européenne : son élargissement, véritable réunification de ses poumons occidental et centro-oriental, et les discussions sur son approfondissement. Cela peut être aussi une contribution concrète aux travaux des autres Cercles en France et aux préoccupations de la Ligue.