Penser l’après COVID : Le pouvoir de la destruction créatrice

avec Philippe Aghion

8 avril 2021, visioconférence

 

Philippe Aghion est professeur au collège de France, titulaire de la
chaire “Economie des Institutions, Innovation et Croissance”

La crise Covid 19 a bouleversé notre monde de façon nouvelle et inattendue. Dans un monde économique et social construit autour des échanges et des mobilités, elle a contraint à réduire les échanges physiques, à instaurer des distances, à modifier nombres de comportements. Elle a aussi conduit à une contraction jamais vue depuis la seconde guerre mondiale de la croissance, et à gonfler les dettes publiques au delà de l’imaginable. Le développement de la pauvreté et des inégalités a repris. Beaucoup s’interrogent sur les conséquences de cette crise, sur les capacités de nos sociétés à poursuivre la croissance passée, ou même à inventer de nouvelles voies, notamment pour contrer le dérèglement climatique.

La crise est un moment où les prises de décisions sont essentielles, en particulier pour traiter les causes qui y ont conduites et éviter qu’elles se reproduisent. Mais aussi pour changer nos paradigmes. Y parviendrons-nous?

Philippe Aghion est de ceux qui pensent que ce processus de destruction est une opportunité de création de nombreuses voies de croissance. « Plutôt que de vouloir dépasser le capitalisme, il faut chercher à mieux le réguler … mais comment diriger cette destruction créatrice vers l’objectif d’une croissance plus verte et juste », écrit-il. « Comment faire que les innovateurs d’hier n’utilisent pas leurs rentes pour empêcher de nouvelles innovations? » Nous savons que les innovations du passé ont aussi contribué à des destructions qui ne furent pas que créatrices… Schumpeter, qui a inventé cette notion dans les années 1940, s’était inspiré des travaux de Marx mais aussi des observations des changements intervenus, presque par nécessité, après la première guerre mondiale, vers des approches plus sociales des politiques, dans des climats plus démocratiques.

Renouvelant l’approche de Joseph Schumpeter, Philippe Aghion vient de publier avec Céline Antonin et Simon Bunel ce livre : « le pouvoir de la destruction créatrice ». Critiquant la théorie néo-classique développée par Robert Solow qui ne prendrait pas en compte les pouvoirs de l’innovation à faire changer les équilibres économiques, ils proposent une nouvelle approche. Celle-ci peut-elle s’appliquer à cette période de crise, unique, et permettre de gérer l’après Covid?

Un point moins économique (en apparence) pourra aussi être abordé. Joseph Schumpeter défendait la nécessité de construire la démocratie avec une forme de socialisme. Le projet de Philippe Aghion et de ses collègues peut-il aussi contribuer à un affermissement de la démocratie alors que dans le monde les crises semble souvent l’affaiblir?

Bernard Wolfer, Président du Cercle Condorcet de Paris

Philippe Aghion est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Institutions, Innovation, et Croissance » et il enseigne également à la London School of Economics et a l’INSEAD, après avoir enseigne à Harvard de 2000 à 2020. En 2001 il a reçu la Yrjo Jahnsson Award qui récompense le meilleur économiste européen de moins de 45 ans, puis la John Von Neumann Award en 2011, et la « BBVA Frontier of Research Award » en mars 2020. Il est Fellow de la Société d’Econométrie et de l’American Academy of Arts and Sciences.

Ses travaux portent principalement sur la théorie de la croissance et de l’innovation et l’économie de la connaissance. Avec Peter Howitt il a développé le modèle Schumpetérien de croissance économique. Il est plus notamment l’auteur de Endogenous Growth Theory (MIT Press, 1998), Competition and Growth (MIT Press, 2006), Inequality, Growth, and Glo-balization – Theory, History and Policy, avec Jeffrey Williamson (Cambridge University Press, 1999) ; Education et Crois-sance, avec Elie Cohen (La Documentation française, 2004) ; Les leviers de la croissance française, avec Gilbert Cette, Elie Cohen, et Jean Pisani (La Documentation française, 2007), Repenser L’Etat, avec Alexandra Roulet (Seuil, 2011), Changer de modèle, avec Gilbert Cette et Elie Cohen, Repenser la croissance économique (Fayard, 2016) , et Le pouvoir de la destruction créatrice, avec Céline Antonin et Simon Bunel (Odile Jacob, 2020)..

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