Les jeunes connaissent une situation souvent difficile et ils sont la première génération à vivre nettement moins bien que leurs parents depuis presque un siècle. En outre, ils ont peu de perspectives de s’en sortir en dehors d’une minorité privilégiée :
– Cent à cent cinquante mille jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification
– L’apprentissage et l’alternance sont beaucoup moins utilisés que dans d’autres pays
– Beaucoup d’étudiants doivent travailler pour financer des études qui sont de plus en plus onéreuses[[ La création de filières courtes professionnelles publiques est un impératif. Tout ce secteur est phagocyté par un secteur privé très rentable]]
– Les jeunes en formation ou déjà diplômés sont souvent exploités dans des stages à répétition. Ensuite, ils doivent enchaîner les CDD avant de signer vers 28 ans leur premier CDI
– L’augmentation phénoménale des prix des logements leur pose des problèmes insolubles aussi bien pour louer que pour accéder à la propriété.[[ On parle souvent du coût du travail lors de l’analyse comparative de la compétitivité de la France par rapport à l’Allemagne mais le surcoût du logement est un handicap important de la France qui n’est jamais mis en avant.]]
Alors que la jeunesse avait été déclarée par le candidat François Hollande comme sa priorité, elle connaît toujours un taux de chômage très élevé et une grande précarité qui empêchent toute projection à long terme. Certes, des mesures ont été prises (service civique, garantie jeunes, emplois d’avenir, …) mais elles restent souvent marginales et on assiste plus à un saupoudrage difficile à administrer qu’à une véritable stratégie.
En outre, la jeunesse est souvent un condensé des inégalités de notre société alors que tout le monde devrait partir sur la même ligne. Certains économistes proposent ainsi d’allouer une somme à tous les jeunes. Allouer le jour de ses 18 ans à toute personne une somme de quelques dizaines de milliers d’Euros sans contrôle est difficile et pourrait être difficilement gérable par les jeunes (même s’il vaut mieux faire confiance).
Il est donc proposé que tout jeune résidant en France légalement depuis un an reçoive une allocation universelle :
– De 300€/mois entre 16 et 19 ans
– De 400€/mois entre 20 et 23 ans
– De 500€/mois entre 24 et 27 ans.
Le coût brut de cette mesure serait de 45 milliards €. Toutefois, le coût net pour les finances publiques serait bien inférieur :
– Cette allocation serait fiscalisée (à l’IRPP classique mais hors CSG)
Elle remplacerait de nombreuses aides ponctuelles (APL, allocation de rentrée scolaire, ….)[[ Il faudra juste veiller à ce que certaines populations très spécifiques comme certains handicapés n’aient pas des besoins supérieurs et ne soient pas lésés par ce dispositif
– ]] et conduirait à une baisse des dépenses liées au RSA.
On pourrait aussi imaginer une montée en puissance de ce dispositif sur 3 ans soit un coût additionnel annuel pendant 3 ans de 0,5% du PIB ce qui reste compatible avec une gestion saine des finances publiques. Les bénéfices induits en termes de réussite éducative, de santé, de mobilité dans la recherche d’un emploi, de réduction de la violence, d’autonomie ou d’estime de soi seraient très importants et redonneraient espoir et perspective à la jeunesse. En outre, une grande partie de cette allocation universelle serait réinjectée rapidement dans l’économie.
Ceci ne dispenserait pas le gouvernement d’améliorer sa politique éducative et de formation ou de proposer une politique du logement ambitieuse.
Cette allocation pourrait aussi servir de garantie bancaire pour des emprunts visant à financer des projets qui demanderaient des sommes de l’ordre de 1.000 à 10.000€
Certains esprits grincheux pourraient dire :
– A droite, que cela va inciter les jeunes à la paresse voire à créer des entreprises illicites
– A gauche, que ces sommes seront captées par les propriétaires de logements qui augmenteront les loyers (comme c’est un peu le cas pour l’APL actuellement) ou par les groupes privés de formation