Quelques réflexions après le 1er tour des élections présidentielles de 2017

{{{I- Cadre général}}}
Lors du premier tour des élections présidentielles, les Français ont amplifié les messages envoyés à la classe politique depuis 20 ans :
– Montée apparemment inexorable du Front National : avec 21,5% des suffrages et plus de 7,5 millions de voix, Marine le Pen a nettement progressé par rapport à 2012 (18% des suffrages).
– Rejet massif des deux principaux partis de gouvernement : l’élection imperdable pour François Fillon s’est transformée en chemin de croix et le PS se retrouve avec un score guère supérieur à son minimum de 1969
– Après le quinquennat raté de François Hollande sur le plan économique et social (son bilan est nettement meilleur au niveau régalien et des relations extérieures), la gauche est morcelée et se retrouve absente dans certaines régions (cf les élections régionales où les listes de gauche ont dû se retirer au second tour en PACA et dans les Hauts de France).
L’amélioration du score de Marine le Pen et sa qualification pour le second tour auraient dû provoquer un séisme. Il n’en est rien :
– un score élevé du FN à une élection devient banal
– Marine le Pen a réussi à faire croire que la FN s’est assagi et devient respectable, républicain et laïque
– la gauche n’a pas été capable de bâtir une position commune et claire contre le FN notamment à cause des enjeux liés aux futures législatives (l’inversion du calendrier et le passage au quinquennat voulus par J. Chirac et L. Jospin montrent leur nocivité).
– les cortèges clairsemés lors du 1er mai 2017 n’ont rien à voir avec ceux du 1er mai 2002 alors que le risque d’une victoire du clan le Pen est significativement supérieur en 2017.
Une espèce de lâche soulagement a prévalu :
– Le taux d’abstention au 1er tour n’a été que de 22% alors que certains sondages avaient prévu jusqu’à 30% d’abstention quelques semaines auparavant
– Marine le Pen n’est pas arrivée en tête et compte près d’un million de voix de retard sur E. Macron
– Marine le Pen ne recueille que 21,5% des suffrages en dessous de certains sondages qui la plaçaient à 26/27% quelques semaines auparavant et loin de ses espérances d’arriver à 30% qui lui aurait permis d’enclencher une dynamique pouvant conduire à la victoire
– Emmanuel Macron, arrivé en tête, est un candidat plus facilement compatible avec les principaux candidats éliminés que F. Fillon ou JL Mélenchon. En outre, les premiers sondages donnaient E. Macron vainqueur à 60/40.
– Les arrière-pensées en liaison avec les élections législatives ont prévalu
Toutefois, quelques erreurs d’E. Macron liées à son inexpérience et une campagne agressive de M. Le Pen (qui lui a valu le ralliement de N. Dupont-Aignan) ont fait chuter la probabilité de sa victoire.
Cette situation va aussi redonner de l’espoir aux partis traditionnels de se refaire une santé aux élections législatives en vue d’imposer une sorte de cohabitation à E. Macron.
Ces péripéties ou ces manœuvres politiciennes ne doivent pas faire oublier que les électeurs ont envoyé des messages forts à la classe politique traduisant des problèmes et des souffrances graves.
Il peut sembler vain ou illusoire de vouloir analyser ces résultats alors que de nombreux intellectuels et chercheurs ont déjà écrit de nombreux livres ou articles sur la situation réelle de la France ou sur les mesures à prendre. Seuls quelques ouvrages ayant servi de fondements à ce document seront cités : le Ghetto Français d’Eric Maurin, La France périphérique de Christophe Guiluy, La société hyper industrielle de Pierre Veltz ou l’article de Terra Nova de septembre 2014 sur La nouvelle question territoriale. Ensuite, on pourrait reprendre les travaux de P. Bourdieu sur la misère en France, de S. Baud sur la France invisible ou de Nonna Meyer sur le Front National.
La vanité des condamnations morales ou au nom des valeurs républicaines du vote Front National et l’inefficacité des partis politiques actuels à le combattre rendent nécessaire une analyse en profondeur de la situation en France et du vote M. le Pen au premier tour des élections présidentielles de 2017.
Une analyse assez détaillée sur le plan géographique sera effectuée pour bien comprendre les ressorts du vote FN mais aussi de certaines solutions proposées qui n’ont évidemment pas fonctionné. Enfin, des pistes d’actions ou de solutions seront proposées pour essayer de résoudre les problèmes de la France et des Français. Cette démarche vise à endiguer la vague de pessimisme qui submerge une partie de la France et à permettre de ne pas sortir des élections législatives avec une assemblée morcelée et une France ingouvernable.

{{{II- Analyse du vote pour M. le Pen}}}

{{{II-a Vision globale}}}

Globalement, ce vote confirme les grandes analyses régulièrement faites :
– Montée régulière avec banalisation du FN qui permet de convaincre des catégories de populations toujours plus nombreuses (cf les travaux de N. Meyer sur ce sujet)
– Implantation croissante dans les zones traditionnellement faibles (moitié Ouest du pays)
– Un vote profondément ancré dans les zones en crise (Nord et Est plus l’arc méditerranéen)
– Le vote dans les Sud-Est est amplifié par des raisons « idéologiques » liées à une population plus âgée et à la présence de familles qui ont dû quitter l’Afrique du Nord lors de la décolonisation.
Toutefois, si l’on veut concevoir des solutions appropriées et efficaces, il faut réaliser des analyses plus fines notamment sur le plan géographique.

{{{ II-b Les métropoles }}}

Cette élection confirme la fracture entre les métropoles et le reste du pays (notamment les zones périurbaines, en désindustrialisation et rurales). Les métropoles qui réussissent ont donné un score faible à M. le Pen souvent en régression par rapport à 2012. Cette situation provient aussi de la radicalité du programme économique de la candidate (sortie de l’Europe et de l’Euro, protectionnisme) qui a effrayé les dirigeants d’entreprise, les cadres, les financiers et les épargnants les plus riches.

Score de Marine Le Pen (en % exprimés)
Ville 2012 2017
Paris 6,2 5,0
Hauts de Seine 8,5 7,6
Lyon 9,9 8,9
Bordeaux 8,2 7,4
Toulouse 10,3 9,4
Nantes 7,8 7,1
Rennes 7,3 6,7
Montpellier 13,7 13,3

Dans de nombreux départements moins favorisés, on note aussi une différence significative entre la métropole et le reste du département. Au-delà des vainqueurs de la mondialisation heureuse, certaines métropoles connaissent une situation raisonnablement favorable :

Score de Marine Le Pen en 2017(en % exprimés)
Métropole Département
Lille/Nord 13,8 28,2
Strasbourg/Bas Rhin 12,2 25,0
Nancy/Meurthe et Moselle 10,7 25,9
Rouen/Seine Maritime 12,0 24,9
Grenoble/Isère 10,7 22,3

Ces métropoles sont des villes importantes ce qui implique que, dans certaines zones, le vote le Pen est très nettement supérieur.
Enfin, une troisième catégorie de départements combine métropole déclassée ou peu dynamique et département en crise. Dans ce cas, le vote M. le Pen dans la métropole reste inférieur à la moyenne départementale mais le différentiel avec le reste du département est atténué. Dans certains départements, des facteurs plus politiques influent sans doute sur les votes : part des personnes âgées, présence de familles de rapatriés d’Afrique du Nord, corruption, …

Score de Marine Le Pen en 2017(en % exprimés)
Métropole/Département Métropole Département
Perpignan/Pyrénnées Orientales 25,9 30,1
Marseille/Bouches du Rhône 23,7 27,3
Nice/Alpes maritimes 25,3 27,7
Toulon/Var 27,3 30,4
Mulhouse/Haut Rhin 20,0 27,2
Avignon/Vaucluse 21,1 30,6
Nîmes/Gard 21,6 29,3
Metz/Moselle 18,8 28,4
Amiens/Somme 18,4 30,4
Saint-Etienne/Loire 17,1 24,1

On constate donc, dans tous les cas, une rupture nette entre métropole et reste des départements (banlieues, périurbain ou espace rural) sauf dans les zones les plus déshéritées. A l’opposé, des départements comme Paris ou les Hauts de Seine se comportent presqu’intégralement comme des métropoles.

{{{II-c Les banlieues}}}
Les banlieues sont souvent sous le feu des projecteurs soit pour montrer ou dénoncer des problèmes comme par exemple l’état des classes d’écoles primaires dans les quartiers Nord de Marseille[[La commune de Marseille présente une spécificité due à sa taille (c’est la deuxième commune de France après Paris avec 858.000 habitants ; la troisième Lyon ne compte que 506.000 habitants) car elle englobe le centre Métropole et sa banlieue dans les quartiers Nord]] soit pour relater des faits liés à l’insécurité ou à divers trafics. En réalité, le vote des banlieues reflète le dynamisme de leur métropole : elles concentrent des problèmes mais
– Leurs habitants sont proches de marchés du travail dynamiques,
– Elles bénéficient de mécanisme de péréquation en provenance de la métropole riche
– Elles servent de tremplin à des immigrés pauvres monétairement mais possédant d’autres types de ressources. Parfois, certaines solidarités communautaires facilitent la progression des immigrés de fraîche date.
Malgré ses problèmes, la petite couronne de Paris se développe : transfert de sièges sociaux notamment à Saint-Denis (Plaine commune) et à Aubervilliers[[Le développement d’Aubervilliers conduit à une forte hausse de l’immobilier neuf construit à proximité des nouveaux bureaux : certains nouveaux appartements se vendent jusqu’à 6.000€/m².]] d’une part, rénovation urbaine et gentrification à Montreuil ou Pantin[[Christophe Guiluy note dans La France périphérique que la part des cadres supérieurs dans la population active est passée de 7,8% en 1982 à 15,8% en 2010 et celle des professions intermédiaires de 19% à 23%. Ceci a exercé une forte pression sur l’immobilier des métropoles. A Paris, les arrondissements de l’Est ont joué le rôle de banlieue pour l’Ouest Parisien. Ces arrondissements de l’Est sont saturés et connaissent un phénomène complémentaire : les jeunes couples, qui y habitaient, partaient souvent en banlieue à la naissance de leur premier ou de leur second enfant pour trouver un logement plus spacieux ; ce n’est plus le cas, ces couples restent à Paris malgré l’exigüité de leur logement et freinent la rotation du parc immobilier. Ces phénomènes expliquent la gentrification d’une partie de la Seine-Saint-Denis en relation avec des opérations de requalification urbaine et de développement de certaines infrastructures.]] . Ceci a entraîné un arrêt de la progression du Front National sauf en Seine-et-Marne, voire dans certaines zones du Val d’Oise ou de l’Essonne, qui sont plutôt à classer dans le périurbain/rural.

Score de Marine Le Pen en 2017(en % exprimés)
2012 2017
Seine Saint-Denis 13,6 13,6
Aubervilliers 12,9 12,5
Saint-Denis 9,9 10,1
Montreuil 9,3 8,3
Pantin 9,5 8,5
Val de Marne 11,9 11,5
Essone 15,2 16,4
Val d’Oise 15,6 17,2
Yvelines 12,4 12,9
Seine et Marne 19,6 22,9

Des analyses similaires pourraient être conduites sur certaines banlieues de métropoles qui se portent bien. Les quelques exemples ci-dessous pourraient être multipliés :

Score de Marine Le Pen en 2017(en % exprimés)
2012 2017
Villeurbanne(69) 13,4 13,1
Cesson-Sévigné(35) 7,1 7,1
Talence(33) 8,7 8,7
Rezé(44) 9,7 10,3
Saint-Herblain(44) 10,7 11,5
Balma(31) 11,0 10,3
Essone 15,2 16,4
Blagnac(31) 13,4 13,0
Ramonville-Saint-Agne(31) 9,0 7,8

A l’opposé, les banlieues des territoires en souffrance connaissent une explosion du vote le Pen qui atteint dans certains endroits des chiffres très élevés :

Score de Marine Le Pen en 2017(en % exprimés)
2012 2017
Marseille 5 ième secteur 23,5 26,4
Cesson-Sévigné(35) 7,1 7,1
Marseille 6 ième secteur 24,7 29,0
Marseille 7 ième secteur 25,1 29,7
Marseille 8 ième secteur 24,4 29,5
Vitrolles(13) 27,3 33,8
Tourciong(59) 21,3 25,9
Seclin(59) 22,3 27,4
Rives-de-Gier(42) 21,7 26,2
Firminy(42) 24,0 25,8

Les banlieues sont en symbiose forte avec leur métropole et leurs sorts sont liés.
D’ailleurs, l’INSEE, dans son découpage en aires urbaines et pôles urbains, propose une vision très extensive des métropoles et leur zone d’influence : 82,5% de la population Française vit dans de grandes aires urbaines (> 10.000 emplois plus leur couronne).
Cette vision reflète une stratégie :
– Concentration sur ces aires et « oubli » des 17,5% de la population restante
– Vision homogène d’une aire donnée
– Minimisation des disparités entre grandes aires (les Hauts de Seine n’ont pas grand-chose à voir avec l’aire de Lens-Douai)
Cette façon statistique de traiter des « résidus » qu’on ne veut pas voir ou qui ne rentrent pas dans les modèles technocratiques a aussi été pratiqué pour le travail non qualifié comme cela ressort du travail collectif dirigé par Dominique Méda et Francis Vennat en 2003/2004 sur le travail non qualifié[[Le travail non qualifié, 2004 Editions la découverte p166
]] : « La décroissance des emplois non qualifiés jusqu’en 1994 a favorisé la diffusion de travaux de recherche évoquant la disparition de ce type d’emploi comme une perspective plausible. La remontée des effectifs depuis 1994 constitue à la fois un problème social et une question économique et sociologique que les approches centrées sur « l’organisation qualifiante » ou la « logique compétence » ne permettent pas d’éclairer ».

{{{II-d Le reste de la France}}}

Ce « reste » n’est pas homogène :
– Zones rurales
– Zones périurbaines composées d’habitants « autochtones », de personnes qui ont dû quitter les centres villes car les loyers étaient devenus trop élevés (« périurbain contraint ») et de personnes qui ont quitté les banlieues pour éviter leur mixité sociale et ethnique
– A la limite des grandes aires urbaines, des pôles (dont certains peuvent compter plusieurs centaines de milliers d’habitants comme le pays minier qui va de Valenciennes à Béthune) qui ont connu des désastres industriels avec la fermeture de grands centres industriels.

Dans ces zones, le vote pour M. le Pen est très fort et traduit la souffrance sociale et le manque de perspective. Il ne faut pas oublier la phrase de Brecht : « Un fasciste est un homme qui se trompe de colère ». Des départements entiers (certes moyennement peuplés) donnent des scores extrêmement élevés à M. Le Pen

Score de Marine Le Pen en 2017(en % exprimés)
Marine Le Pen 2017
Haute-Marne 33,2
Meuse 32,3
Aube 30,3
Ardennes 32,4
Oise 30,9
Aisne 35,7
Vosges 29,1
Gard) 29,3
Jura 24,1
Haute-Saône 31,4

{{{II-e Premières conclusions}}}

On assiste à un éclatement de la France entre les gagnants et les perdants :
– Entre métropoles : Paris ou Toulouse vs Marseille
– A l’intérieur des départements entre leur propre métropole et son hinterland
– Entre zones géographiques : Nord et Est vs Ouest et Ile de France
avec des écarts croissants.
La banlieue n’est pas une catégorie pertinente pour analyser les phénomènes car les banlieues voient leur sort très intimement lié au dynamisme de leur métropole et englobent des situations très hétérogènes
Aussi bien les medias que les statistiques officielles tendent à laisser de côté au moins 20 à 30% de la population Française qui connaît une souffrance sociale extrême mais souvent disséminée.

{{{III- Les fausses solutions et ce qui fonctionne médiocrement}}}

{{{III-a Le laissez-faire}}}
Certains pensent qu’une dose de « destruction créatrice » plus la « main invisible » permettront aux territoires de se restructurer et de se renouveler.
Dans les années 60, le Nord et l’Est de la France étaient très prospères et des études de prospective sur la France en l’an 2000 prévoyaient une « France aux frontières » avec une poursuite du développement de la façade Est de la France et du Nord et avec un Sud-Ouest condamné au tourisme bas de gamme et à l’élevage des canards. En réalité, 50 ans après, on constate que le Sud-Ouest est florissant grâce au secteur aérospatial et à des productions agricoles à forte valeur ajoutée alors que le Nord-Est périclite malgré de vrais savoir-faire[[ Il faut noter que les deux leaders mondiaux de l’automobile, très exigeants sur la qualité, Toyota et Daimler Benz ont choisi respectivement Valenciennes et la Moselle pour implanter des sites majeurs de production Européens]] .
Toutefois, les phénomènes d’effets d’entrainement amont et aval des pôles les plus productifs mis en avant par François Perroux dans les années 60 sont nettement moins marqués dans les secteurs économiques en croissance notamment à cause de l’internationalisation des chaînes de valeur ou à l’abus de dispositions come la directive sur les travailleurs détachés[[[[« Contrairement à un slogan répandu, les riches ont toujours besoin des pauvres mais ils préfèrent que ce soient des pauvres venus d’ailleurs, en contrat précaire. Ils ne veulent plus de pauvres auxquels ils soient liés par un lien durable de solidarité. Les périphéries proches qui étaient des ressources sont très souvent devenues des charges. D’immenses masses potentielles de main d’œuvre se trouvent rejetées en dehors des circuits de l’économie avancée inter-métropolitaine. Ce sont des hommes inutiles dont parle Pierre-Noël Giraud, qui reprend cette citation terrible de Joan Robinson : « La misère d’être exploitée par les capitalistes n’est rien à côté de la misère de ne pas être exploité du tout » » La société Hyper-Industrielle Pierre Veltz p116 ]] .
Ceci conduit certains penseurs libéraux comme Kenichi Ohmae à prôner des états régions compacts comme alternative aux charges que les périphéries feraient peser sur les métropoles dynamiques. Son modèle est Singapour ou Dubaï. Certains, lors du débat sur le Brexit, proposaient la sécession de Londres comme d’autres rêvent d’une Catalogne ou d’une Lombardie indépendantes.
La situation de certaines régions Françaises est trop dégradée pour s’en remettre au laissez-faire et il est totalement antinomique des valeurs républicaines françaises.

{{{III-b L’économie résidentielle}}}[[De nombreuses données proviennent de la note de Terra Nova de septembre 2014 La nouvelle question territoriale[]]

Certaines régions moins dynamiques sur le plan productif essayent de jouer la carte de l’économie résidentielle fondée sur le tourisme et sur l’attraction des retraités (Français mais aussi étrangers). C’est le cas de nombreux départements de la moitié Sud de la France. Cette stratégie permet de bénéficier de transferts non marchands.
Ce type d’économie semble protégé et receler beaucoup d’emplois non délocalisables mais :
– Le tourisme peut être affecté par les aléas climatiques (les touristes choisissent leur destination de plus en plus tard) mais aussi par des problèmes difficilement contrôlables ni prévisibles comme des attentats
– Une concurrence significative pour l’accueil des retraités s’est mise en place avec le Portugal et la Maroc via des exonérations fiscales et des salaires locaux inférieurs aux salaires Français et avec l’Espagne en relation avec le krach immobilier de 2008 qui n’est toujours pas résorbé.
En outre, des études sophistiquées montrent que l’attractivité d’un système productivo-résidentiel (SPR) dépend de la qualité de son centre et est d’autant plus efficace qu’il est concentré. Ceci explique le succès de Nantes, de Bordeaux ou de Montpellier mais aussi les semi-échecs de Nice, Cannes ou Marseille et les échecs de Perpignan, de Béziers ou de Nîmes. En outre, cette stratégie est inapplicable dans le Nord-Est de la France. De nouveau, on se trouve dans une configuration où « les gagnants raflent toute la mise ».
En conclusion, la dynamisation de l’économie résidentielle est utile mais elle ne suffira pas au redressement structurel des pôles les plus défavorisés.

{{{III-c La ruralité « heureuse »}}}

Quatre départements ruraux (Allier, Cher, Creuse et Nièvre) rejoints par plus de vingt autres ont engagé en 2014 une réflexion sur un possible nouveau mode de développement pour les territoires ruraux et les petites villes (développement de circuits courts, relocalisation d’activités notamment industrielles, …).
En fait, certains départements ruraux connaissent un taux de chômage faible qui tient à :
– La présence d’ETI ou des grands groupes ancrés localement (Lactalis dans la Mayenne, RAGT dans l’Aveyron, les mutuelles d’assurances dans les Deux-Sèvres)
– Eventuellement, la présence de grands sites industriels appartenant à des grands groupes (Bosch emploie plus de 2.000 personnes à Rodez)
– Des services publics significatifs (hôpitaux notamment)
– Des solidarités locales et familiales (surtout parmi les agriculteurs) avec, parfois, le souci de préserver le commerce de proximité ou de centre-ville
Toutefois, il n’existe pas de corrélation forte entre taux de chômage et vote pour M. le Pen. Dans les départements ruraux « heureux », le vote pour M. le Pen reste à des niveaux nettement plus élevés que dans les métropoles qui réussissent (cf page 3) même s’il est nettement inférieur à celui des territoires ruraux ou en crise (cf page 7)
La distance à une métropole importante demeure donc un facteur explicatif du vote le Pen plus fort que le taux de chômage. Des études de terrain plus approfondies seraient nécessaires pour déterminer si le vote FN ou le Pen repose plus sur un sentiment d’insécurité que sur une véritable insécurité, sur un sentiment d’abandon plus que sur un abandon réel se traduisant par exemple par une vraie dégradation du niveau des services publics.

Score de Marine Le Pen (en % exprimés)
Département %chômage 2016
T3 INSE
%Vote Marine Le Pen 2017
( Département)
%Vote Marine Le Pen
(Préfecture)
Cantal 6,3 18,2 13,4
Lozère 6,4 18,9 15,1
Mayenne 6,8 16,9 11,2
Aveyron 7,3 16,2 11,8
Haute Savoie 7,3 18,8 14,0
Yvelines 7,4 12,9 9,8
Ain 7,4 25,0 16,5
Hauts de Seine 7,6 7,6 10,4(Nanterre)
Jura 7,7 24,1 16,3
Essonne 7,7 16,4 11,7 (Evry)
Île et Vilaine 7,8 14,1 6,7
Savoie 7,8 21,7 14,1
Paris 7,8 5,0 5,0
Deux-Sèvres 7,8 18,0 10,6

{{{Note : cet échantillon représente tous les départements avec un taux de chômage inférieur à 8% pour une moyenne de la France métropolitaine de 9,7%.}}}

Les Pyrénées Atlantique pourraient faire figure de contre-exemple et être l’archétype d’une zone avec des pôles moyens (Pau est un pôle urbain de 200.000 habitants ; celui de Bayonne compte 230.000 habitants) et un bon mix d’activités productives et résidentielles. Cette situation conduit à un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale au T3 2016 de 8,4%. Le vote pour M. le Pen y est resté circonscrit à 13,7%. Toutefois, des spécificités locales peuvent aussi expliquer ce dernier résultat : Pays Basque, sentiment religieux, présence de figures politiques gaullistes (M. Alliot-Marie) ou centristes (F. Bayrou), score de 7,5% de J. Lasalle qui s’est fait le champion de la ruralité

{{{IV- Quelques pistes de solutions}}}

Dans le paragraphe III, on a passé en revue des pistes de solutions dont l’efficacité est très limitée. Est-il possible de proposer des principes pour l’action publique et des solutions plus efficaces ?
V-a Ne pas dissocier les banlieues des territoires périurbains et ruraux[[ Sondage JDD/IFOP Novembre 2012 ou sondage JDD/.ODOXA janvier 2016]]
La montée croissante du rejet de l’assistanat et de la solidarité dans un contexte de précarisation accrue et de demande d’Etat croissante est paradoxale. Elle traduit la lutte entre groupes ou individus pour avoir soi-même accès à un gâteau qui rétrécit de jour en jour en raison des contraintes budgétaires des états ou collectivités liées à une moindre croissance.
Ce sentiment de disparition de la manne publique est accentué par l’élaboration par la puissance publique de plans mal conçus ou conçus sans concertation avec les bénéficiaires [[Certains plans de rénovation urbaine proches de métropoles riches conduisent à l’éviction de populations présentes depuis des dizaines d’années au profit d’une gentrification du secteur ou ne répondent pas aux vrais besoins des couches populaires qui y vivent depuis longtemps comme la propreté des rues ou la sécurité. Dans d’autres cas, comme le récent plan pour le pays minier du Nord Pas-de-Calais, l’Etat et les collectivités proposent un plan de 10 ans avec un investissement de moins de 100 Euros par an et par personne notamment pour rénover des logements plus de nombreuses mesures administratives incompréhensibles par la majorité des bénéficiaires. Un tel plan risque plus de susciter le découragement que la mobilisation]]
Une partie de la France périphérique rejette le modèle d’Etat Providence ou veut le réserver aux nationaux car il lui semble qu’il est trop favorable aux banlieues et aux « immigrés » (dont une partie est en fait de nationalité Française). Il est donc impératif d’élargir l’accès aux dispositifs sociaux ou de lutte contre les inégalités aux petites villes et aux zones rurales sans cibler les banlieues.
Cette inflexion a été prise notamment par F. Lamy lors de son passage au Ministère de la Ville : la définition des zones prioritaires n’est plus fondée sur une batterie de critères (qui favorisaient les banlieues) mais sur le revenu par personne. Ceci a fortement élargi le périmètre des zones éligibles et donne un signal fort sur la volonté du gouvernement de travailler à la cohésion nationale et de défendre les valeurs républicaines [[Lors de sa conférence devant le Cercle Condorcet de Paris le 8 février 2017, Patrick Weil décrivait au Texas une politique de promotion d’élèves venant de milieux défavorisés fondée sur le revenu des parents et non sur l’origine ethnique comme beaucoup de politiques de discrimination positive le font aux USA. Cette mesure a permis à des enfants de zones rurales (souvent blancs et de familles politiquement très républicaines) d’accéder à des universités de qualité. Lorsqu’une nouvelle administration républicaine a voulu remettre en cause cette politique, elle a reculé car elle s’est trouvée en opposition avec une partie de son électorat.
]].
E. Macron risque d’être rapidement confronté à cette problématique sur une de ses mesures emblématiques : la limitation à 12 élèves par classe en CP et CE1 dans les zones prioritaires. Cette mesure va-t-elle être mise en oeuvre d’abord dans les banlieues ou aussi dans les zones rurales et, ainsi, éviter la fermeture de nombreuses écoles.

{{{V-b La double déconcentration}}}

Un nombre limité de grandes métropoles bénéficient d’une accumulation de richesses qui est positive pour leur développement mais qui crée des tensions par exemple sur le coût des infrastructures ou au niveau du logement (loyers élevés et impossibilité pour les jeunes de devenir propriétaires sans hériter).
Même si la situation a évolué depuis les années 60 et « Paris et le désert Français », on peut se demander s’il est raisonnable de faire croitre indéfiniment l’aire urbaine parisienne ou s’il faut limiter sa croissance:
– Cette croissance se fait au détriment de terres agricoles très fertiles, propices à l’instauration de circuits courts, ou de zones qui pourraient être consacrées à l’équilibre écologique de la région
– Le surcoût du logement en Région Parisienne nuit à la compétitivité globale de l’économie Française
– Les investissements liés à la construction de certaines infrastructures ou de logements seraient utilisés plus efficacement dans d’autres métropoles.
Des déconcentrations ont eu lieu dans le passé ou sont en cours : l’Etat Civil à Nantes, l’ENA à Strasbourg ou l’INSEE qui doit déménager à Metz ; plusieurs grandes entreprises (EDF, la SNCF, La Poste) ont déconcentré des services informatique à Lyon, Nantes ou Bordeaux.
Ce mouvement est en panne.
Le Brexit devrait permettre à la Région Parisienne de récupérer 5 à 10.000 emplois de haut niveau. Faut-il construire de nouvelles tours à la Défense pour les accueillir ou en profiter pour transférer 10.000 emplois de bon niveau qui pourraient avoir un effet d’entraînement fort sur des métropoles en souffrance (Amiens, Rouen, Nîmes, Avignon, Toulon, Marseille, …) voire près de Lille dans le pays minier ?
Au niveau des transferts potentiels, il ne faut pas oublier les équipements culturels : le Louvre Lens ou Le Centre Pompidou à Metz sont des succès.
Le processus ne doit pas s’arrêter à ce stade : il faut aussi penser à déconcentrer des activités au niveau infrarégional, des métropoles vers des pôles secondaires pour réaliser un maillage dense des territoires. L’exemple peut venir des USA où, pour des raisons politiques anciennes, la capitale des grands états n’est pas une grande ville : Albany et non New York City pour l’état de New York ; Sacramento pour la Californie et non Los Angeles ou San Francisco. Si la capitale régionale du Languedoc Roussillon et les services liés n’avaient pas été localisés à Montpellier mais à Béziers, cette ville ne serait peut-être pas dirigée par le Front National.
Enfin, il faudra éviter les déserts médicaux et culturels dans les zones rurales et périurbaines. Certaines collectivités locales dans les zones rurales touristiques tendent à focaliser leurs actions culturelles en faveur des touristes au détriment des populations résidentes à l’année : on organise un festival de jazz en été pour les touristes au lieu de construire un réseau de médiathèques qui profitera à tous toute l’année.

{{{V-c Une autre approche du traitement du chômage}}}

A fin mars 2017, la France comptait 5,5 millions de chômeurs de catégories A, B et C. Ce fléau gangrène le corps social depuis plus de 40 ans et n’a jamais été éradiqué. Certes, certaines périodes de croissance du PIB (88-91 ; 1998-2001 ; 2004-2008) ont permis de l’atténuer mais de façon conjoncturelle.
Cette impasse nourrit le Front National.
Une certaine reprise économique permettra de nouveau de l’atténuer mais les périodes de forte croissance sont derrière nous (baisse de la croissance démographique, diminution de l’effet de rattrapage des pays émergents, contraintes écologiques) même si, en France, la transition écologique, le manque de logements de qualité et la prise en charge professionnelle des personnes âgées pourraient créer des millions d’emplois a priori non délocalisables.
Actuellement, l’idée principale pour combattre le chômage est d’augmenter le niveau de qualification des chômeurs (et des français en général) et de réformer profondément la formation professionnelle (qui coûte à la nation environ 35 milliards d’Euros pour des résultats médiocres).
Bien sûr, il faut former des ingénieurs toujours plus pointus en informatique ou dans les nouvelles technologies. Il faut augmenter notre effort de recherche qui demande des personnes toujours mieux formées. Beaucoup d’entreprises industrielles peinent à trouver du personnel qualifié et former des jeunes en partie en alternance ou des moins jeunes[[Quasiment aucune formation n’est proposée à une personne de plus de 45 ans. Pour les personnes moins qualifiées, les propositions de formation sont rares même avant 45 ans.]] est nécessaire.
Toutefois, il faudra éviter quelques écueils :
– Dans son ouvrage, La peur du déclassement, Eric Maurin analyse comment, par peur de la crise voire de se retrouver à la rue, de nombreux diplômés acceptent des postes nettement inférieurs à leur potentiel. Ceci ne laisse aucune chance à des gens peu qualifiés même pour des postes qu’ils seraient tout à fait capables de tenir. Pour contourner cet obstacle, il vaudrait mieux restaurer la confiance, favoriser le développement d’emplois de très haut niveau et proposer des filets de sécurité en cas d’échec plutôt que de dépenser de l’argent en formation.
– Former des jeunes sans que des débouchés se matérialisent va faire baisser temporairement le chômage mais va générer beaucoup de frustrations voire le rejet de toute formation considérée comme inutile.
– Il faudra établir des parcours de formation tout au long de la vie. Pour certaines personnes, au lieu d’une formation longue avec un résultat aléatoire, il vaudra mieux proposer une formation plus focalisée débouchant sur une expérience professionnelle de quelques années qui permettra d’accéder à de nouvelles formations. De même, au lieu de demander un mastère à toute personne voulant enseigner, on aurait mieux fait de créer des licences en éducation alliant contenu de base et pédagogie pour les enseignants de primaire puis de permettre, via la formation continue ou une année sabbatique, à certains de compléter leur cursus pour pouvoir enseigner dans le secondaire.
La stratégie d’adaptation de l’offre de travail à la demande est nécessaire et sera efficace pour plusieurs secteurs qui bénéficieront vraisemblablement d’une reprise (pour des raisons différentes) :
– Les 485.000 chômeurs du secteur Hôtellerie/ Restauration/Tourisme bénéficieront de la reprise du secteur si aucun nouvel attentat majeur n’a lieu. Bien sûr, il faudra maintenir la compétitivité du secteur et former les employés de ce secteur notamment en langues.
– De même, le redémarrage du logement qui possède encore un fort potentiel lié à la transition écologique et à la pénurie de logement plus les infrastructures nécessaires à la transition écologique permettront à une grande partie des 480.000 chômeurs du BTP de retrouver du travail, éventuellement après une formation légère. Ce secteur pourrait même assez rapidement se trouver en tension si l’Etat réalisait certains travaux nécessaires d’aménagement du territoire.
– Enfin, si la France s’en donne les moyens au niveau de la formation, une grande partie des 430.000 chômeurs de l’industrie pourront être employés dans des firmes qui peinent à trouver du personnel.
Dans des secteurs représentant environ 25% des chômeurs, la solution proposée bien gérée devrait s’avérer efficace.
En revanche, des secteurs sont plus problématiques et nécessitent une approche complémentaire visant à augmenter la demande pour les personnels de ces secteurs ou à les protéger :
– 1.150.000 chômeurs relèvent des services à la personne. Une chasse mieux organisée au travail dissimulé pourrait réduire un peu ce chiffre mais il faut réfléchir au niveau de la fiscalité et des cotisations sociales liées à cette activité
– Les 800.000 chômeurs liés à la vente et au commerce ne pourront pas être résorbés si on ne protège pas un minimum les commerces de centre-ville tout en favorisant une structuration de ce type de commerces qui réduise les écarts de prix avec la grande distribution par exemple.
– Le secteur transport et logistique compte 525.000 chômeurs. Une harmonisation Européenne des conditions de travail et l’amélioration de l’attractivité des ports Français et de leur réseau terrestre permettraient de réduire ce chiffre. Ensuite, il faudra savoir si la France veut tirer partie de sa situation au cœur de l’Europe avec plusieurs façades maritimes pour devenir une gigantesque plate-forme logistique qui pourrait engendrer des nuisances écologiques fortes sauf à développer des modes de transport à faible émission de CO2.
Nous constatons donc que, pour près de 50% des chômeurs, seule une approche multicritère allant bien au-delà de formations ou de sanctions permettra une baisse structurelle du chômage.
Enfin, il faudra aussi se pencher sur les territoires ne possédant pas ou plus de pôle significatif où l’offre d’emploi est très faible même si la proposition de double déconcentration ci-dessus peut atténuer le problème. Certains vantent la mobilité mais celle-ci peut s’avérer très difficile pour ceux qui sont propriétaires de leur maison ou pour des jeunes sans ressources. Il faudra sans doute y étendre rapidement l’expérience « 0 chômeurs de longue durée » si les premiers résultats sont favorables.

{{{V-d Une politique agricole entièrement repensée }}}[[La rédaction d’un programme complet de transformation de l’agriculture Française dépasse le cadre de ce document mais les principes énoncés dans ce paragraphe posent un cadre pertinent pour l’action publique]]

Nous avons analysé ci-dessus les limites de l’économie résidentielle et de la « ruralité heureuse ». Le mal-être ressenti dans les zones périurbaines et rurales provient en partie de l’affaiblissement marqué de notre agriculture. Comment se sentir bien et en sécurité dans une communauté où tout le monde se connaît et où, régulièrement, une exploitation agricole fait faillite et est saisie voire où un agriculteur s’est suicidé.
Les crises récentes ont été causées par le démantèlement des politiques européennes mais aussi par une vision productiviste et financiarisée de l’agriculture. Pendant trop longtemps, les ministres français de l’agriculture ont anesthésié la profession en promettant toujours plus de subventions[[Cette politique a été plébiscitée à tort par la majorité des acteurs du monde agricole]] et en se focalisant sur quelques secteurs comme les céréales.
Il faut sortir de cette vision monolithique de l’agriculture pour :
– Répondre aux besoins variés des consommateurs : certains peuvent se payer du bio mais d’autres ont besoin d’avoir accès à des produits certes de moins bonne qualité mais bon marché. Il faudra donc que notre agriculture reste différenciée. Il faudra garder des filières très productives pour des produits comme le lait de consommation ou certaines céréales.
– Permettre aux agriculteurs de vivre dignement des fruits de leur travail et non de subventions. Ils veulent aussi voir les conditions sanitaires d’exercice de leur métier s’améliorer notamment en diminuant fortement l’usage de substances chimiques toxiques.
Sortir de cette crise et des mauvaises habitudes demandera 10 à 15 ans mais c’est indispensable. La mutation du secteur viticole en Languedoc prouve que c’est possible.
L’Etat doit accompagner différemment le secteur agricole :
– Promouvoir un partage des marges équitable entre producteurs, industriels et distributeurs. C’est compliqué et des avancées ont eu lieu avec les distributeurs mais il reste encore beaucoup de travail sur ce sujet.
– Favoriser les circuits courts et l’agriculture à proximité des villes en limitant l’étalement urbain
– Mettre en place des plans d’accompagnement pour les secteurs qui doivent être restructurés (comme la filière lait)
– Payer en temps utile les aides promises : en février 2017, les aides promises pour l’année 2015 à des exploitations en transition vers le bio n’avaient pas toutes été versées (sans parler de celles dues pour 2016 !).
– Mettre en place des systèmes assurantiels plus efficaces pour protéger les agriculteurs en cas de catastrophe climatique (au lieu de libérer en urgence des aumônes)
– Travailler sur des relais de croissance (de la R&D jusqu’à la mise en culture) : faut-il promouvoir la culture du quinoa ? des amandiers ? d’autres cultures nouvelles ? … sans oublier le développement de nos points forts comme la production de vins de qualité (voire de truffes) avec l’augmentation des surfaces cultivées[[Cette proposition n’est pas en contradiction avec la politique de lutte contre l’alcoolisme. Boire de façon limitée du bon vin serait même favorable à la santé.]].
– De même, il faut poursuivre les programmes de recherche et développement pour favoriser la lutte biologique contre les ravageurs
– Enfin, des programmes de formation en vue d’une agriculture plus raisonnée devraient être développés.
De même, la France possède des atouts formidables au niveau de sa forêt et de son domaine maritime. Des grands plans à 15/20 ans doivent être élaborés en concertation avec les acteurs de la profession et des filières organisées.

{{{V- Conclusions}}}

La crise économique qui dure depuis 2008 et la mutation technologique en cours ont fait éclater le corps social français. Une partie importante de nos compatriotes connaît un tel degré de souffrance et de désespérance que les discours moralisateurs contre le Front National ou les appels aux valeurs républicaines restent inaudibles.
Si nous voulons éviter une fragmentation croissante de la France, il est indispensable que le nouveau gouvernement change radicalement de stratégie : il n’est plus possible de passer par pertes et profits 20 à 30% de la population française. Le gouvernement doit avoir les valeurs républicaines pour fil rouge de son action.
L’Etat doit retrouver son rôle de stratège dans l’aménagement du territoire, dans le redressement de notre agriculture et de notre industrie, dans la revitalisation des territoires abandonnés. La lutte contre le chômage doit être repensée pour être plus efficace plus rapidement.
Le succès de cette politique sera facilité si la France arrive à convaincre l’Europe de mettre en place des mesures luttant contre le dumping social et fiscal et promouvant la coopération.
La seule politique à même de combattre de façon structurelle le Front National est de rechercher une sortie par le haut sur les plans économique, social, environnemental et culturel, qui vise à redonner l’espoir à tous. Les couches défavorisées doivent être une priorité du nouveau gouvernement.

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