Lettre n°9 : Vers quelle Europe

Alors que les citoyens européens et leurs dirigeants avaient tout lieu de se réjouir de voir enfin réunis les « deux poumons » de l’Europe, occidental et centro-oriental, séparés depuis Yalta et l’emprise du totalitarisme communiste, voilà qu’un violent conflit d’idées, d’attitudes et de comportements, est venu semer la discorde dans l’Union européenne, la crise même, à propos de la guerre en Irak et des relations transatlantiques Europe- Etats-Unis.

Une crise ne peut avoir médicalement, mais aussi politiquement, que deux issues : la mort ou la guérison, avec ou sans séquelles. Il en est de celle-ci, comme d’autres dans le passé, qui impose urgemment une remise à plat fondamentale du sens, c’est à dire de la signification et de la direction, que les Etats-nations européens veulent donner à la construction européenne. Il est clair que ne peuvent plus être éludées les questions graves, même si elles fâchent, du devenir institutionnel, politique, militaire de l’Union rassemblant maintenant vingt-cinq pays. L’heure est venue aussi de lancer publiquement le débat dans les sociétés européennes, et de ne pas le confiner dans les strates bureaucratiques ou ministérielles, opaques aux yeux des citoyens. Or, force est de constater que partis, syndicats, associations, à de notables et courageuses exceptions, ne brillent pas par leur audace et leur détermination.

Certes, élaborer un avenir n’est pas simple, et personne ne peut s’ériger en donneur de leçons à l’égard de quiconque, mais chacun doit accepter le débat, la confrontation, au risque même de la rupture, car l’immobilisme ou les compromis boiteux ne sont pas porteurs de projets ni de solutions. Renoncer veut souvent mieux que faire semblant.
C’est parce que nous croyons, au Cercle Condorcet, ou plutôt que nous voulons croire, car ici la volonté et la raison sont déterminantes, à la construction d’une Europe-puissance nécessaire en ce monde et en ce siècle, que nous avons décidé d’y consacrer cette année nos modestes, mais déterminées, forces intellectuelles et militantes.

Sans faire l’impasse sur d’autres grandes questions qui sous-tendent et interpellent notre réflexion, nous avons décidé de nous atteler à quatre « études de cas » pour formuler une analyse et des propositions que nous voulons lancer dans le débat public. Ces questions font l’objet de notes introductives dans cette Lettre, et chaque membre du Cercle est ardemment convié à apporter sa contribution.
– Quelle politique économique et monétaire ?
– Quelle politique agricole commune ?
– Quelle politique étrangère et de défense ?
– Quelle politique de services publics ?
Tels sont les thèmes que nous voulons aborder. Ambitieuse démarche peut-être, mais osons-la quand même. D’autant qu’elle s’accompagne d’une réflexion avec d’autres, à savoir les mouvements et associations qui ont décidé de se réunir pour réfléchir ensemble dans une structure « interclubs », et l’Europe a été choisie comme étant l’une des questions à privilégier, à laquelle le Cercle Condorcet doit apporter sa compétence.
Par ailleurs, nous avons décidé de placer notre démarche dans une perspective résolument européenne, pour ne pas en rester à une attitude franco-française. C’est pourquoi nous avons choisi de consacrer plusieurs réunions plénières à « l’Europe vue par… » les Allemands, les Italiens, les Baltes et Slaves, les Turcs.

A chacun d’entre nous en particulier et à tous ensemble de participer à ce « travail européen ». Ce peut être aussi l’occasion d’intéresser des amis au travail du Cercle. N’hésitez pas à inviter aux plénières ou à solliciter pour les groupes de réflexion, des proches qui peuvent apporter leurs idées et leurs compétences . C’est ainsi que nous maintiendrons et développerons la démarche citoyenne de Condorcet.

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