Tout ceci suppose qu’il est plus facile de sortir de la Zone Euro que d’en parachever le fonctionnement en la dotant des mécanismes d’une fédération bien conçue. Pourtant, la balance des inconvénients et des avantages entre les deux options n’est pas ce que voudraient faire croire les avocats de la « sortie de l’Euro ».
Tout d’abord, les inconvénients de la « sortie de l’Euro » sont multiples et beaucoup plus conséquents que ne l’affirment ceux-ci. Il y a, d’abord, les difficultés techniques auxquelles conduirait le retour à des monnaies nationales et ses conséquences sur l’économie qu’ils ne présentent que sous leurs aspects les plus favorables de dévaluations réussies. Ce qui serait loin d’être gagné. Mais, peut-être encore plus graves en seraient les conséquences géopolitiques. Il en résulterait, ipso facto, un grand affaiblissement de l’Europe, pour ne pas dire sa disparition en tant qu’entité sur la scène mondiale. L’Europe tendrait, alors, à ressembler à une « grande Suisse » – selon le terme employé par Hubert Védrine – dont les différentes composantes seraient ramenées à l’état de « cantons ». Avec une démographie déclinante, cet ensemble serait en constant rétrécissement et incapable de peser dans l’Histoire du monde, face aux monstres en expansion en Extrême Orient et en Afrique, voire à la Russie si celle-ci parvient à surmonter ses difficultés actuelles. L’Europe des « nationalismes » qui en résulterait ne serait plus qu’un « marigot » où se déchaîneraient de perpétuelles querelles intérieures, comme on le voit avec l’affaire des « migrants ». Et puis, ce serait la fin d’un grand rêve qui a résisté jusqu’ici à tant de manoeuvres d’obstruction et dont ne resterait que le souvenir.
Tout bien pesé, il paraît plus facile d’aller de l’avant, quelles qu’en soient les difficultés, que d’opérer le retour en arrière que nous susurrent les sirènes de la « sortie de l’Euro ».