Transformation Sociale ; Transformation Personnelle

Quand tu te lèves le matin, ne te demande pas ce que les USA peuvent faire pour toi mais ce que tu peux faire pour les USA .
JF Kennedy

La terre pourra toujours subvenir aux besoins de tous les hommes ; elle ne pourra en revanche pas satisfaire tous leurs désirs .”
Gandhi

Jusqu’à présent la croissance économique (et l’inflation) ont donné aux hommes l’impression de pouvoir s’enrichir continuellement et de toujours pouvoir posséder plus. Cette vision du monde reposait aussi sur la maîtrise de la Création par l’homme véhiculée notamment par la vision judéo-chrétienne ou par une vision techniciste du progrès.

Les partis ou les syndicats sociaux-démocrates ont donc souvent limité leurs programmes et leurs actions à essayer de mieux distribuer les richesses : il suffisait de dépenser plus pour résoudre les problèmes. Certains partis conservateurs en Allemagne et en France étaient sur un paradigme proche contrairement aux Anglo-Saxons.

Cette politique a connu des succès : élévation du niveau de vie et raccourcissement du temps de travail, allongement de la durée de vie en bonne santé, élévation du niveau d’éducation, …

Depuis une quinzaine d’années, cette « martingale » patine :

– prise de conscience du mur écologique

– développement des pays émergents et, notamment, de la Chine qui sont devenus des concurrents mais qui ne permettent plus à l’Occident d’avoir accès aux matières premières à vil prix

– croissance continue des inégalités

– incapacité à résoudre les problèmes liés aux inégalités notamment dans les quartiers périphériques (par exemple, malgré d’énormes subventions, le problème du mal logement n’est pas résolu).

Les problèmes ont changé de nature et l’apport d’argent ne suffit plus ; d’autant plus que l’argent public se fait rare.

Ceci provient du fait que certains problèmes ne peuvent être vraiment résolus que via une transformation des comportements personnels :

– on peut inventer des systèmes techniques pour limiter la pollution mais si les ménages :

– continuent à gaspiller la nourriture

– ou ne trient pas leurs déchets

l’efficacité des dispositifs techniques ne suffira pas.

Certains gouvernements nationaux ou locaux émettent des contraintes légales ou règlementaires ou des signaux via les prix ou des taxes pour limiter l’usage de la voiture particulière en ville ou du transport routier. Ces politiques sont souvent mal perçues (surtout quand elles émanent de personnes disposant d’une voiture avec chauffeur) voire donnent lieu à des émeutes comme contre l’éco taxe. Les citadins s’énervent contre les embouteillages provoqués sciemment par leurs élus.

Il serait bien plus utile et efficace à long terme de convaincre les citadins de n’utiliser leur voiture qu’en cas de vraie nécessité. Dans ce cas, il faudrait qu’ils puissent circuler et se garer facilement pour diminuer la pollution induite. Il faudrait aussi à la fois veiller à la mixité des zones d’activité et à la mise en place de transports collectifs fiables et de qualité, surtout entre la périphérie et le centre.

Les « problèmes » des banlieues ne se résolvent pas malgré les milliards investis dans la politique de la ville ou dans le logement.

Si on continue à concentrer les populations en difficulté ou les immigrés récents dans certains quartiers, on n’y arrivera pas (l’échec des premières expériences de « bussing » aux USA l’a montré il y a 50 ans). De plus, la situation actuelle pousse toute personne, qui voit son sort s’améliorer, à faire tout son possible pour quitter son quartier (ou bien on assiste à une éviction des moins favorisés en liaison avec des phénomènes de gentrification ou de boboïsation) ou, au minimum, pour essayer de contourner la carte scolaire.

Seulement des services publics de qualité et une véritable mixité sociale au niveau du logement et de l’école dans toute la ville permettront de commencer à résoudre les problèmes des quartiers en difficulté. Ceci implique que chacun accepte d’avoir près de lui des personnes moins favorisées ou de culture ou de religion différentes (c’est l’anti « Ghetto Français »)

Il serait possible de multiplier les situations mais ces deux exemples rapides montrent que :

– le déversement de milliards d’Euros sans plan d’ensemble est inefficace voire contreproductif (cf l’accaparement de subventions pour le logement par les propriétaires en zone tendue qui en profitent pour augmenter les loyers et faire croitre les prix d’achat par ricochet). En outre, ces projets doivent être élaborés avec les personnes concernées ; sinon, en cas d’échec, les populations de ces quartiers risquent de se retrouver encore plus stigmatisées.

– la simple répétition, presque à visée culpabilisatrice, des valeurs de la République par les hommes politiques devient totalement inaudible par les personnes en souffrance. Ceci décrédibilise la République au profit des charlatans.

Cette transformation personnelle est un grand enjeu du XXIème siècle. Elle passera au moins par deux ou trois vecteurs :

– l’éducation. Les programmes des futures générations doivent évoluer en ce sens (écologie appliquée, comportements bénéfiques pour la santé, lutte contre les discriminations, …). Ces enseignements n’auront pas qu’une visée culturelle ou de préparation à des études scientifiques ; ils devront chercher à vraiment induire des changements de comportement chez les jeunes voire chez les parents. Cette action de l’école pourra être consolidée au niveau familial ou via des associations. Bien sûr, ceci suppose que les politiques publiques ne puissent pas être attaquées par des lobbies ou des entreprises privées dont elles raboteraient les profits, donc que la puissance publique reprenne la main face à la finance.

– l’évolution de la prise de décision politique. Les élus ou les services techniques doivent se mettre à l’écoute des leurs administrés pour orienter les budgets vers ce qui est utile aux populations, malgré les lobbies ou leur propre volonté de puissance.

– cette transformation personnelle impliquera aussi un vrai changement de vision du monde et de la vie : il faudra se satisfaire de « l’abondance frugale » ou de la « sobriété heureuse ». Les individus seront-ils assez forts pour y arriver seuls en se fondant sur les valeurs de la République ou verrons-nous l’émergence de spiritualités encadrant ce processus ?

L’évolution des comportements voire de la vision que chacun a de lui-même est indispensable pour que le XXIème siècle ne connaisse pas de grandes catastrophes écologiques ou sociales pouvant conduire à des guerres encore pires que celles du XXème siècle. Le rôle des dirigeants politiques dans l’accompagnement du changement de comportement de chacun sera crucial à condition qu’eux-mêmes acceptent de changer fortement leurs comportements et leur façon de concevoir l’action politique : les anciens comportements ou les anciennes pratiques deviendront rapidement obsolètes et même contreproductives.

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