La France de la Peur

A l’ombre du Général de Gaulle, la France du début de 1968 s’ennuyait. Celle de la fin de 2009 a peur. Peur de la délinquance, peur du chômage, peur de la crise financière, peur de l’autre, voire peur de soi-même.
Depuis près de 40 ans, les gouvernants de la France n’ont cessé de la rabaisser : déclin de la France en puissance moyenne, ouverture des marchés et triomphe du libéralisme, impossibilité de proposer aux Français un projet mobilisateur Français ou Européen. La période 1981-1983 fut sans doute la dernière où les Français ont espéré. Malgré un niveau de vie et de protection sociale que beaucoup de pays nous envient, les Français font partie de ceux qui ont le plus peur comme l’analyse très bien Eric Maurin dans son dernier ouvrage « La Peur du déclassement » (Le Seuil).
Pour conjurer ces peurs et les crises, les Français ont pris l’habitude de choisir la sécurité et le statut au détriment de la rémunération. Contrairement à ce que pensent nos « élites », ce choix est fait parce qu’en France la vie des « déclassés » (chômeurs, exclus, …) est très dure et fait peur à tous. Il n’est pas fait par paresse ou par frilosité vis à vis des réformes.

Cette situation doit être débloquée :
• En proposant des mesures pour adoucir le sort de la partie de la société Française la plus vulnérable : précaires, jeunes sans diplôme, personnes âgées modestes, … . Tous ceux qui ont été violemment stigmatisés par Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007 et tous ceux auxquels le Parti Socialiste ne sait plus rien proposer. La réduction des inégalités n’est pas une nécessité morale, c’est une nécessité stratégique pour que la France retrouve son dynamisme. Il ne s’agit pas, comme le souhaite la Droite et le patronat, de précariser tout le monde, mais d’aider ceux qui sont en difficulté.
• En élaborant un projet mobilisateur pour les Français. Ceux-ci, de la Révolution Française à la Résistance, ont prouvé leur capacité à rebondir dans des situations difficiles. Ce projet devra s’insérer dans la vision d’une Europe dynamique et sociale.

Ces deux points devraient être préparés avec ferveur par les différents partis politiques en vue des élections générales de 2012. Au lieu de cela, nous assistons à une campagne affligeante pour les élections Européennes et aux chamailleries de la classe politique.
Mesdames et Messieurs les politiques, réveillez-vous rapidement et proposez aux Français un projet mobilisateur qui conjure leurs peurs et qui permette à la France et à l’Europe de rebondir.

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