avec Jérôme Fourquet
11 janvier 2022
Il y a ceux qui pensent que la France n’a pas assez changé et ceux qui pensent qu’elle a perdu son âme. La prochaine élection présidentielle conduit les politiques (et les citoyens dont ils convoitent les votes) à débattre sur la France telle qu’ils la voient et telle qu’ils voudraient qu’elle soit. L’image qu’ils en donnent est à l’aune de leurs projets pour les premiers, de leurs soucis et de leurs espoirs pour les seconds. Parfois de leurs désespoirs.
Mais de quelle France s’agit-il ? Il se dit, pour paraphraser Tocqueville, que le plus difficile est de voir ce qui se passe sous nos yeux. Ou comme E.A Poe, dans sa lettre volée, que la plupart ne savent pas voir un objet mis en évidence devant leurs yeux, parce qu’il n’a pas l’apparence attendue.
L’exercice d’analyse de la France entrepris par Jérome Fourquet et Jean-Laurent Cassely représente un travail de dévoilement salutaire. Avec de nombreuses statistiques, des cartes, des enquêtes de terrain, ils observent une France qui change, évolue, beaucoup plus que ce que les représentations courantes en donnent. Entre déclin des pratiques religieuses, désindustrialisation primaire, avancée du consumérisme et des centres commerciaux, étalement urbain opposé aux concentrations banlieusardes d’hier, élargissement d’une classe moyenne aux aspirations décalées selon les degrés de formation, des modes de vie « libérés » par la voiture, des pratiques culturelles diversifiées. On observe un « enrichissement » général qui n’exclut pas les inégalités, les rendant parfois moins supportables. Cette France qualifiée d’après se construit sans se voir, peut-être même sans se reconnaitre. L’ambition des auteurs est de contribuer à mieux la connaitre
Jérome Fourquet est directeur du département opinion à l’IFOP. Le livre, La France sous nos yeux, est publié au Seuil