Lettre n°1 : Les ambitions des citoyens, 1988

LES AMBITIONS DES CITOYENS

Peut-on être sûr de ne pas se tromper en af­firmant que les mœurs politiques se dé­gradent ? Et, en osant le dire, peut-on être sûr de ne pas encourager l’antiparlementaris­me, toujours prêt à resurgir en période trou­blée?
Dans les années trente, une droite plus ou moins maurrassienne ne manquait pas une occasion de dénoncer et d’exploiter, sans scrupules, les tares et faiblesses de la démocratie. La droite actuelle le fait avec d’autant plus d’efficacité que les moyens modernes d’information am­plifient la résonance de ses attaques.
La démocratie ne sera jamais trop prudente et transparente dès qu’il s’agit d’argent.
Jamais trop vigilante, lorsque la justice se mon­tre sensible à d’inacceptables pressions ou sol­licitations politiques. Jamais trop ambitieuse,alors que s’aggravent les inégalités, le favori­tisme, les complaisances à l’égard des forma­tions extrémistes.</doc155|center>

Les marchés financiers ne sont pas seuls à tré­bucher. Dans les deux domaines de la vie pu­blique, se manifestent d’inquiétants flotte­ments : vide de la pensée et du discours politi­que, recherche d’un trompeur consensus par crainte d’une claire confrontation ou d’un véri­table débat, fuite devant les choix décisifs, creuses songeries du “capitalisme populaire”, hési­tations à définir les moyens d’une nouvelle so­lidarité, vacillations dans les appareils judiciaire et policier. Or, la récession qui vient ne pourra qu’exacerber les passions, cultiver les égoïsmes de caste, raviver les antagonismes.

Garder la tête froide devient alors un exercice périlleux. Car il faut simultanément rester atten­tifs aux remous et aux coups bas, mais, si inquié­tant soient-ils, ne pas se laisser détourner de l’essentiel, des problèmes de fond : réhabiliter une éthique politique, sans laquelle la République se dissoudrait dans une médiocre gestion dépour­vue d’idéal ; nourrir le débat de propositions nouvelles, sans lesquelles la démocratie serait réduite à des rites vide de sens ; définir les objec­tifs prioritaires pour réinventer une manière de vivre ensemble.

Telle est bien la tâche que, en province comme à Paris, accomplissent les Cercles Condorcet. Avec cette conviction les citoyens ont une plus claire vision des dangers et portent en eux de plus hautes ambitions que semblent le croire certains responsables politiques.Dans les deux domaines de la vie pu­blique, se manifestent d’inquiétants flottements : vide de la pensée et du discours politi­que, recherche d’un trompeur consensus par crainte d’une claire confrontation ou d’un véri­table débat, fuite devant les choix décisifs, creuses songeries du “capitalisme populaire”, hési­tations à définir les moyens d’une nouvelle solidarité, vacillations dans les appareils judi­ciaire et policier. Or, la récession qui vient ne pourra qu’exacerber les passions, cultiver les égoïsmes de caste, raviver les antagonismes.

Claude Julien, Président

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