Quelles valeurs pour le monde de demain ?

Les 1er et 2 octobre 2004, un colloque était organisé à Toulouse par la Ligue de l’enseignement sur le thème : « vers de nouveaux universaux » – quelles valeurs pour le monde de demain ? »
Au cours de la plénière du 6 octobre au Cercle de Paris, Jean Chesneaux qui fut un des animateurs et intervenant dans ce colloque nous a commenté ces travaux, en insistant sur la richesse des interventions.
« Un universel pour notre temps » – ce sujet ô combien actuel rejoint les préoccupations du Cercle – nous prolongerons la réflexion, au cours de la prochaine année.

Face aux multiples périls « trans-terrestres » que l’humanité affronte à l’orée du XXIème siècle, sur quels référents universels peut-elle s’appuyer ?
Comment la quête d’universel peut-elle s’inscrire dans un monde pluriel, notamment dans la diversité des cultures politiques ?
Comment évaluer la capacité de la mondialisation à instaurer un nouvel universel ?
L’universel du XXVIIIème siècle représentait une vraie avancée politique, mais il restait abstrait, intemporel, fort indifférent au néo-esclavage colonial dont ce fut pourtant le siècle d’or.
L’universel du XIXème siècle se réalisa contradictoirement dans la montée des révolutions démocratiques en Europe et en Amérique latine, et dans l’expansion brutale des impérialismes coloniaux. (…)
L’universel du XXème siècle a réalisé de nouvelles avancées théoriques, ainsi avec la Charte des Nations Unies ou les débats sur « l’ingérence ». Mais les désastres sont eux aussi devenus universels, ils accablent désormais l’ensemble de la planète : meurtrières guerres mondiales, génocides, désordres économiques, dégradation de la haute atmosphère, et dernièrement les terrorismes.
Le XXIème siècle saura-t-il rassembler, face aux périls, l’ensemble des sociétés dans le respect de leur pluralité ? Donc construire un universel « appropriable par tous » ? Le vieux thème d’«universaux », écho d’un grand débat philosophique du XIVème siècle, peut ici reprendre du service. (…)
Maints référents à vocation universelle sont effectivement nés en Occident : les Droits de l’homme avec les révolutions française et américaine, le féminisme dans le monde anglo-saxon au XIXème siècle, le mouvement écologiste dans les sociétés mères du progrès industriel.
Mais un universel qui ne serait fondé que sur le magistère automandaté de l’Occident serait inopérant et récusable.
Les autres sociétés du monde ont certes un grand besoin de nos principes classiques, tels le droit à une vie décente, la dignité de la femme ou la liberté de la presse. Mais on ne peut faire reconnaître par tous les humains la vocation universelle de ces principes que si l’Occident renonce à une posture « d’arrogance », d’incompréhension des autres, de mépris, d’«injonction mimétique ».
Comment nos universaux peuvent-ils prendre en compte les apports positifs du « non-Occident » dans leur riche diversité sans ignorer ses tendances négatives ?
C’est seulement en prenant en compte ces ouvertures du non-Occident, que nous acquérrons le droit de récuser ces pratiques de fermeture et de discrimination. (…)
Malgré leurs prétentions à l’absolu, les intégrismes ethniques ou religieux sont autant de négations de l’universel ; ce sont des immobilismes qui enferment chaque culture dans des « invariants » qui seraient inaccessibles par définition à ceux de l’extérieur et qui, à l’intérieur, interdiraient toute évolution, toute critique. C’est sur ces invariants, que Huntington a construit sa thèse du « choc des civilisations ». Il faut ici engager le dialogue avec le relativisme culturel, proposé par certains occidentaux au nom du « respect de l’autre », mais qui aboutit à conforter ces postures d’immobilisme autoritaire : ainsi l’excision.
Quel sens, quelle force opératoire peuvent avoir à l’intérieur des sociétés du Nord ces « nouveaux universaux » dont le Sud et le Nord ont l’un et l’autre grand besoin ? Les référents « génériques » (communs à l’ensemble du genre humain), sont aussi un recours salutaire pour les sociétés multiculturelles du Nord que la « fracture sociale mondiale » traverse aussi.
La France a vu arriver des Noirs, des Maghrébins, des Asiatiques en quête de vie meilleure. De ce fait, un autre débat doit s’ouvrir sur le traditionnel « universel républicain », pour qui il suffirait d’affirmer que « tout individu est susceptible de participer sur un pied d’égalité à la société française ».
Organisé en quatre moments successifs, le colloque de Toulouse a permis d’approfondir ces interrogations et d’en dégager les perspectives d’un universel pour

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *